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L'Apôtre Pierre


 

 

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L’Apôtre PIERRE

ET

LA  PREMIERE COMMUNAUTE CHRETIENNE A JERUSALEM

 

Janvier 1999

Ch. BERNARD

 

Pierre, le grand personnage du christianisme primitif, est pour nous une figure emblématique faite de clichés devenus traditionnels. C’est d’abord l’image du pêcheur en Galilée, un peu borné, qui comprend mal, très spontané parfois, capable de tirer son épée lorsque l’on arrête Jésus, mais en apparence , peu courageux quelques temps après, lors du procès de son maître où il préfère renier pour sauver sa vie :«  Non, Jésus, je ne le connais pas ! »

Clichés inverses dans nos églises où il est devenu l’homme de confiance de Jésus, celui à qui ce dernier a confié les clefs du paradis ( le Royaume de Dieu au ciel). Pierre premier d’une longue lignée de papes, le roc sur lequel Jésus aurait fondé son Eglise.

Peut-on aller  au-delà de ces simples images, interroger nos sources et faire état de la recherche sur Pierre et de son environnement tant en Palestine ( Galilée et Jérusalem) qu’à Rome où il finit sa vie ? Il faut rendre ici hommage au pionnier de la recherche contemporaine sur Pierre, le chercheur protestant Oscar Cullmann qui écrivit en 1952 un ouvrage toujours valable intitulé «  Saint-Pierre, disciple, apôtre, martyr ».

La recherche sur ces premiers temps est difficile, nous allons le voir, elle est faite plus d’ombres et d’hypothèses nombreuses que de certitudes. C’est un immense chantier ouvert pour longtemps. Nous proposons ici de poser simplement quelques pistes de réflexions sur ce sujet, cela nous mènera de Jérusalem ,où est installée la première communauté de ceux que l’on ne peut pas encore appeler chrétiens, à Rome, lieu de mort probable de Pierre.

 

I-                   L’EGLISE PRIMITIVE DE JERUSALEM

 

1.      Quelle est cette première communauté ?

Nous ne savons pas ce qui s’est passé dans les semaines qui suivirent la mort de Jésus. De nombreux compagnons de Jésus, déçus, désemparés, étaient repartis en Galilée, certains y resteront, ce n’est que peu à peu que la plupart se regrouperont à Jérusalem pour constituer une communauté que l’on ne peut pas encore qualifier de chrétienne  mais que traditionnellement nous nommons l’Eglise primitive.

a-      Pourquoi ce choix d’installation à Jérusalem ?

-          Cette installation à Jérusalem est un choix apparemment paradoxal : pourquoi venir s’installer sur le lieu de la mort de Jésus, le lieu de son échec, pourquoi se jeter dans la « gueule du loup » ? Il était dangereux de montrer son appartenance à un maître qui avait été condamné. Pourquoi ce groupe qui était plutôt rural et itinérant, qui se méfiait des villes en général, vient-il s’installer ici ?

-          Ce sont les apparitions qui ont tout déclenché. Apparitions qui ont plutôt eu lieu en Galilée. Ces apparitions rendent Jésus légitime par rapport à son échec terrestre, par rapport à sa mort ignominieuse en croix. Les apparitions sont perçues comme des ordres de mission : poursuivre l’œuvre de Jésus. Les apparitions sont interprétées comme signe de résurrection de Jésus, elle-même  comprise comme acte divin inaugurant l’époque nouvelle du Royaume de Dieu. Cette ère nouvelle ainsi amorcée devait s’installer pleinement ; c’est « le Jour de Yahvé » attendu. L’arrivée du Royaume de Dieu est perçue comme imminente, elle se manifestera par le retour triomphal de Jésus Messie ( Christ), retour que l’on appelle parousie.

-          Une tradition juive ancienne atteste la croyance que le Royaume de Dieu s’établira sur le mont Sion, que la puissance de Dieu sera révélée à Jérusalem. Les disciples de Jésus se doivent donc d’être présents pour attendre son retour que l’on croit proche, être présent en attente malgré les risques. L’on comprend ainsi pourquoi «  ce mouvement charismatique itinérant suscité par le Nazaréen s’y transforme en une communauté sédentaire relativement introvertie » [1]

b-      Qui en fait partie ? Nos seuls renseignements viennent du livre des Actes. Cette communauté  est fort modeste ( environ 120 personnes) et hétérogène. Sommairement 6 sous groupes sont repérables :

*     le noyau central est constitué par les 12 ( 11 plus le nouveau, Matthias qui remplace Judas). Ce groupe des 12 a certainement été choisi par Jésus de son vivant, ce fut un choix symbolique parmi ses disciples : c’est l’espoir de refaire l’unité des 12 tribus[2]  dans le cadre d’un règne messianique terrestre. La reconstruction du peuple juif entier était considéré comme une étape clef dans l’histoire du salut. Par les 12, Jésus s’adressait à tout Israël, pas aux païens ( l’universalité signifie rassemblement d’un peuple extrêmement divisé : pharisien veut dire séparé, les Esséniens sont séparés du Temple).

Ces 12 sont originaires de Galilée, sauf Judas Iscariote qui est judéen. Nous possédons quatre listes un peu différentes de leur nom[3]. Leur rôle de «  dirigeant » dura peu. Lorsque Paul va à Jérusalem la première fois ( milieu des années 30), il ne les rencontre pas. Les Actes confirment leur déclin : quand jacques, frère de Jean, est exécuté par Hérode Agrippa, il n’est pas remplacé. L’effacement progressif de ce groupe signifie l’effacement progressif de l’espoir d’une parousie imminente.

*     un autre noyau est constitué par les membres de la famille de Jésus – sa mère Marie, ses sœurs et frères dont Jacques. Il y a donc deux noyaux, deux légitimités à ce groupe : une légitimité de compagnonnage avec Pierre, une légitimité familiale avec Jacques.

·         L’ensemble des disciples « ordinaires » qui ont suivi Jésus ou qui sont récemment venus.

·         Les presbytres. Le terme est hérité de la synagogue et désigne peut-être des chefs de famille honorables et expérimentés chargés de veiller au bon fonctionnement de la communauté.

·         Des nouveaux convertis issus de la diaspora juive, parlant le grec et de ce fait dénommé les          «  Hellénistes » ( par opposition aux Hébreux, expression désignant les « chrétiens » issus des communautés juives de Palestine). Ce groupe cohabite mal avec les autres, ce qui entraîne une première scission dans cette communauté « chrétienne » primitive. Dans les Actes, Luc essaie de minimiser l’affaire en expliquant que les 12 ont institué les 7 – pour représenter les Hellénistes- et que les deux groupes se partagent les tâches : Aux Hellénistes revient le soin de s’occuper des veuves du groupe. Ces Hellénistes ont des vues différentes des autres, ils sont assez opposés au Temple par exemple, ce qui leur vaudra d’être les premiers persécutés. Après le martyre d’Etienne, par souci de sécurité, ce groupe des Hellénistes quitte Jérusalem, se disperse…. Ainsi naîtront les premières autres communautés chrétiennes.[4]

·         Un dernier sous-groupe existe autour d’un disciple ( peut-être Jean ?) Nous ne connaissons pas les circonstances de sa constitution. Ce groupe est marginal par rapport aux autres membres de la communauté chrétienne, mais cela ne va pas jusqu’à la rupture. On devine dans le 4e évangile, celui de Jean, une tradition différente imbibée de culture palestinienne. Cette tradition ne site pas les 12 mais d’autres noms comme Nathanaël.

Ainsi donc, la première communauté « chrétienne » à Jérusalem est-elle composite, il faut le souligner, au départ il y a des christianismes, c’est-à-dire, des interprétations différentes du phénomène Jésus. Ce n’est pas la belle unité présentée par Luc dans les Actes. Cette « Eglise » va s’étoffer, se diversifier, le poids des 12 va s’estomper. Elle sera d’abord dirigée par Pierre puis par Jacques le frère du Seigneur. Une tradition veut que pendant la guerre de 64-70 menée par les Romains, elle ait fuit en territoire étranger proche, à Pella l’autre côté du Jourdain. C’est possible mais non vérifiable, en tout cas, lorsqu’elle reviendra s’installer à Jérusalem après 70, elle n’aura plus le même prestige.

 

2.      son organisation interne

 C’est une communauté semi-monastique[5] et fraternelle, influencée à la fois par les Esséniens et par les baptistes.

a- il y a des différences importantes entre le style de vie de cette communauté et celui du groupe des disciples au temps de Jésus.

-          C’est une vie sédentaire et plus du tout itinérante, le groupe est réunit en entier et non rassemblé d’une manière épisodique comme avant.

-          C’est une fraternité assez rigide, semi-monastique  avec sa communauté de biens , ses règles et non plus libérale comme avant. Il y a une forte solidarité y compris à l’égard des veuves. On y reste marié.

-          Le rituel de la vie religieuse est à la fois juif traditionnel et novateur.

·         En juifs pieux, ces « chrétiens » pratiquent toujours la circoncision, suivent les lois alimentaires de pureté, prient dans les parvis du Temple ( sans participer aux sacrifices du Temple ?) ; Ils sont des juifs comme les autres, mais,

·         En plus, ils introduisent des nouveautés en privé. Dans les maisons particulières, ils organisent des réunions pour vivre la nouvelle foi en Jésus messie. Le lendemain du sabbat ( le futur dimanche), ils prennent des repas en commun ( rupture du pain selon un geste de Jésus, en attendant son retour). Les nouveaux adhérents se voient administrer un baptême d’admission au groupe ( au nom de Jésus ?) .Lors de la fête de Pâques, ils organisent une commémoration publique, sur les lieux mêmes, avec récits des événements ( nos récits de Passion sont des récits liturgiques, déjà élaborés 10 ans environ après la mort de Jésus).

La recherche contemporaine émet l’hypothèse de diverses influences juives pour expliquer l’organisation de cette communauté de Jérusalem..

 

b-       Une influence essénienne. [6]

Les Esséniens de Qumrân[7] avaient semble t-il une communauté à Jérusalem. Pour ces disciples désemparés par la mort de leur maître et troublés par les apparitions, ces esséniens avaient l’avantage d’offrir des modèles de réponses. Leur expérience consiste en une réflexion  poussée sur le messie, en une relecture des prophéties anciennes appliquées au « maître de Justice » injustement persécuté et en une organisation bien rôdée.

Si l’on abandonne de nos jours la piste d’un Jean ou d’un Jésus ayant été essénien, il n’en reste pas moins vrai que ce courant de pensée a fortement influencé le christianisme primitif dans ses tous débuts. Voici quelques exemples d’influences :

·         Le mode d’élection de Matthias comme 12e membre à la place de Judas : comme à Qumrân, un tirage au sort est opéré parmi des candidats sélectionnés, on associe un choix humain et un choix divin.

·         Dans le récit de Pentecôte[8] , Luc, accorde à cette fête juive ( fête des moissons) le même sens que les esséniens.. Ce jour, les candidats ayant fait leur preuve sont admis dans le groupe qui constitue la nouvelle alliance. De même, la Pentecôte est considérée, par la descente de l’Esprit Saint, comme le point de départ de la Nouvelle Alliance.

·         La communauté de biens .( Relire l’histoire d’Ananias et Saphira -Actes V- qui avaient triché sur leurs biens, pour les punir, Dieu les fait mourir).Cela rappelle les habitudes de Qumrân, mais ici, cette mise en commun est moins stricte.

·         Existence d’une hiérarchie au sein de cette communauté ( comme à Qumrân) : nous avons ( sans que l’on puisse bien distinguer toujours les fonctions), des saints, des parfaits, des jeunes gens- chargés des tâches matérielles-, les 12, les 7 ( groupe créé pour intégrer les hellénistes)…

·         Une utilisation des réflexions sur le messie ( les mêmes thèmes reviennent comme le Nouveau     Moïse, le Serviteur Souffrant, le Messie victime d’un complot… et, surtout, la même utilisation du psaume 118- à comparer aux récits de la passion).

Cette influence essénienne très forte dans les débuts s’atténuera dans les années 50, la communauté de biens par exemple disparaîtra progressivement devant la place accordée aux pauvres ( qui n’ont donc pas de biens à partager) et laissera la place à l’influence des fraternités pharisiennes. ( Les dons venus de l'extérieur remplaceront la communauté de biens).

 

c-      une recherche nouvelle met en valeur les influences baptistes. [9]

Le mouvement de Jésus issu du mouvement baptiste de Jean entra en conflit avec ce dernier. A la mort de Jean le baptiste, et déjà un peu de son vivant, certains de ses disciples rallièrent Jésus. Ce fut le cas d’André et de Simon, des fils de Zébédée…cela n’alla pas sans problèmes car si Jean et Jésus partageaient le même espoir de l’imminence de l’arrivée du Royaume de Dieu, ils divergeaient sur les moyens de cette venue. Jean, dans la tradition apocalyptique annonçait une venue directe et terrifiante de Dieu pour juger les hommes comme acte inaugural de son royaume, alors, qu’à cette violence divine, Jésus opposait un messianisme moral, une venue du Royaume par l’effort des hommes pour obtenir une justice et une harmonie sociales  en liaison avec les commandements divins. Une fois leur maître Jésus, disparu, ces disciples ont repris leurs premières idées issues de la fréquentation de Jean le baptiste.

Aussi, les influences baptistes furent elles très importantes dans les tous débuts du « christianisme ». Ces influences de la veine apocalyptique [10] sont fondamentales. Outre l’habitude du baptême comme rite d’entrée ( même si la propagande chrétienne vantait la supériorité du baptême chrétien sur le baptême de Jean), l’essentiel est peut-être l’interprétation des apparitions comme résurrection. Il n’allait pas de soi d’interpréter les apparitions post mortem de Jésus comme une résurrection et d’en faire le prélude à la résurrection générale des morts. L’événement pascal est reçu comme signe eschatologique ( fin des temps : de ces temps ci et début d’une autre ère, celle du Royaume)

 Ce n’est pas le tombeau vide, thème valorisé assez tardivement ( Paul n’en parle pas) mais, l’influence des courants issus de Jean le baptiste qui peut expliquer cela.

Par ailleurs, toute la littérature, toutes les traditions liées à ce personnage de Jean qui fut de son vivant très célèbre, furent reprises et remaniées par les chrétiens au profit de Jésus ( naissance miraculeuse, le Magnificat..).[11]

Il convient également de dire que la première communauté chrétienne, dans sa diversité, connu des influences de la diaspora ,entre autres d’Egypte. L’Helléniste Etienne certainement issu du judaïsme d’Alexandrie, amène des traditions différentes dont une certaine distance par rapport au Temple conçu comme une simple création humaine et non comme le lieu de la présence divine ou le symbole identitaire juif.

 

3-      Cette Eglise de Jérusalem est une Eglise dirigeante

 

a- Comment apparurent les autres communautés  « chrétiennes » ?

 Seule communauté au départ, repliée sur une attente imminente de la parousie, elle fut progressivement amenée à s’intéresser à d’autres groupes qui se créèrent ailleurs. Il n’y a pas de conception de mission, l’apparition d’autres communautés « chrétiennes » en dehors de Jérusalem  fut un peu de fruit des hasards. C’est le groupe des Hellénistes chassé de Jérusalem suite à la toute première persécution, qui essaima, en Samarie, sur la côte syro-phénicienne, en Syrie..

Des initiatives personnelles de disciples anonymes, furent à l’origine certainement de l’installation d’églises dans la diaspora, en Egypte, en Mésopotamie, en Asie mineure. A Rome. Des juifs venus en Palestine pour des raisons religieuses ( pèlerinages) ou commerciales, on très bien pu rencontrer des disciples de Jésus et, ainsi, rapporter ces nouvelles croyances dans leur synagogue d’origine.

Il faut ajouter à cela, les communautés installées par Paul dans les années 40.

Ainsi donc, le premier mouvement chrétien fut centrifuge, mais très vite apparaissent des forces centripètes hors Jérusalem. La communauté de Jérusalem opta pour le contrôle de ces mouvements.

b-       Jérusalem envoie des « inspecteurs », contrôle.

·         En Samarie (Actes VIII, 5-25), région un peu concurrente de la Judée, Philippe, un Helléniste, fonda des communautés, baptisa. Jérusalem envoya deux « inspecteurs », Pierre et Jean qui rencontrèrent des baptisés certes mais qui n’avaient pas reçu l’Esprit Saint. La capacité du don de l’Esprit semble être réservée aux 12. Pierre et Jean régularisèrent la situation.

·         Philippe prêcha également sur la côte de Syrie-Palestine ( Césarée..) Parce qu’ici il échappait à la juridiction du Sanhédrin[12] de Jérusalem, il y fonda des communautés que Pierre viendra visiter.

·         A Antioche de Syrie, les Hellénistes annoncèrent  la Bonne Nouvelle[13] à des gens vivant à la grecque. Pour inspecter, Jérusalem envoya le lévite[14] Barnabas. Ce denier approuva et s’y installa..

Ainsi, les « juifs-chrétiens » de Jérusalem prirent-ils l’habitude d’aller sur les traces des différents missionnaires, et, finalement, finirent par prendre eux-mêmes des initiatives de mission, ce fut le cas de Pierre.

c-      Pourquoi les autres communautés acceptent-elles cette tutelle de Jérusalem, au nom de quoi Jérusalem s’impose t-elle ?

Cette communauté « chrétienne » de Jérusalem est source, elle est dépositaire des traditions de Jésus, il y a la présence de deux légitimités, celle  de Pierre à qui Jésus aurait dit qu’il est le fondement du groupe, celle de la famille de Jésus, avec Jacques. Jérusalem est présentée comme le lieu de la première effusion de l'Esprit. Elle se perçoit comme le Nouveau Temple ( penser à la promesse de construire un Nouveau Temple)   comme les 12 constituent l’Israël eschatologique ( de la fin des temps, de l’époque messianique, du Royaume de Dieu). La colline de Sion[15] doit être le lieu premier de cette ère nouvelle.

Toutes les autres communautés reconnaissent la supériorité de celle de Jérusalem : Paul  y vient  pour rencontrer Pierre, il organisera par la suite une collecte  ,au profit de Jérusalem , dans ses différentes fondations méditerranéennes. Jérusalem, pour quelques années sera l’église-mère.

 

 

 

II-                LA PLACE  PREEMINENTE  DE PIERRE

 

1-      Pierre, disciple de Jésus

 

a.       Origine de Pierre ( lieu et nom).

Nos seules sources sont les évangiles. Pierre est originaire de Bethsaïda. La localisation de cette ville pose problème, on la situe actuellement en Trachonitide près de l’embouchure du Jourdain dans le lac de Galilée. Nous sommes en territoire païen peuplé d’arabes  qui étaient nomades et brigands il y a encore peu de temps. Ce territoire fut donné par l’empereur Auguste à la famille d’Hérode en 23 av J.-C. Hérode Philippe en fit une ville de commerce, hellénisée. La ville de Bethsaïda avait une forte communauté juive. Pierre est donc originaire d’une famille juive vivant en milieu païen hellénisé.

Son vrai nom, Simon est un nom grec, comme son frère André, comme les Hellénistes          ( Etienne, Philippe). Simon est un authentique nom grec et non pas une hellénisation d’un nom hébreu. Certes, il y a une consonance proche de l’hébreu Syméon. Peut-être que Simon portait les deux noms dès sa naissance, de Syméon-Simon comme  nous avons Saul-Paul.

Il est donc tout à fait probable que Simon était bilingue ; araméen et grec comme la plupart des gens de la région. Son itinéraire  de missionnaire à la fin ne s’expliquerait pas s’il ne parlait que l’araméen.

b.       Simon s’installe à Capharnaüm lors de son mariage. Ce n’est pas loin de Betsaïda, mais nous sommes en Galilée, de l’autre côté du Jourdain. Ici il rejoint sa belle-famille ( épisode de la guérison de sa belle-mère). A capharnaüm il est pêcheur, sa maison servira de base pour la mission itinérante de Jésus, ce sera un lieu d’accueil, d’enseignement. Il est possible que sa position prééminente parmi les 12 lui vienne en partie du fait qu’il fut l’hôte de son maître.

c.       Son surnom de Pierre ( Képhas ou Cépha en araméen, Petros en grec). Képhas est un mot araméen qui signifie pierre, roc. Ce n’est pas un nom propre mais ici un surnom. Après Pâques, Pierre deviendra un nom. Jésus donna aussi un surnom aux fils de Zébédée ( Boanerg : fils du tonnerre). Donner un surnom c’est  parfois donner une nouvelle fonction à une personne, ici, Simon reçoit de Jésus la fonction de fondement de l’Eglise, du nouvel Israël.

Dans quelle circonstance Jésus a t-il donné ce surnom : «  Simon le roc » ? La tradition en a perdu le souvenir [16]. En tout cas, c’est la communauté primitive qui a valorisé ce nom-fonction de Pierre dans le cadre de la métaphore d’une construction eschatologique : prétendre être le Nouveau Temple sur le fondement du roc Simon. Il devient le rocher de base de la construction. Il semble que cette appellation remonte bien à l’époque de Jésus.

Ailleurs, Simon est surnommé Bar Jonas [17]. On a beaucoup discuté du sens de cette expression araméenne. Elle signifierait peut-être anarchiste, hors la loi : Pierre aurait-il appartenu à la résistance active des Zélotes [18]- ( penser à la scène de l’arrestation de Jésus où il tranche l’oreille d’un garde d’un coup d’épée). Bar Jonas pourrait également signifier fils de Jean ( c’est ce que dit l’évangile selon saint Jean XXI,16). Comment comprendre cela ? Son père simplement se serait appelé Jean, ou bien serait-il le fils spirituel de Jean le baptiste ? Souvenons-nous que Simon est avec les fils de Zébédéé, eux-mêmes également anciens disciples de Jean. Fils spirituel signifierait que Simon –Pierre serait convaincu comme son premier maître Jean, de conceptions apocalyptiques ! Ne perdons pas de vue cette hypothèse.

Les trois premiers disciples de Jésus sont des Galiléens originaires de Bethsaïda ( les frères André et Jean, Philippe).

d.      Position de Pierre dans le groupe des disciples.

·         dans les synoptiques, Pierre a une position particulière :

-          Il est plutôt le porte-parole  des douze que leur chef. C’est lui qui répond aux questions posées par Jésus, qui questionne au nom du groupe, qui est l’interlocuteur privilégié pour les personnes de l’extérieur ( expressions de « Pierre et ses gens » en Marc I,36, lors de la résurrection l’ange  déclare «  Allez dire à ses disciples et à Pierre.. que Jésus les précède en Galilée »). Toutes les listes de disciples placent son nom en premier.

-          Il incarne le  profil type du disciple : il reconnaît en Jésus le messie, il renie – c’est-à-dire qu’il rejette la conception messianique selon Jésus-, il se convertit : « il pleure » –  finalement acceptation de cette conception-. C’est très certainement le parcours de beaucoup d’autres disciples, mais en tant que porte-parole, il en devient l’exemple type.

·         L’évangile selon Jean ne conteste pas le rôle prééminent de Pierre mais cherche à le minimiser. Il y a toujours à ses côtés le « disciple bien-aimé ». Dans la cour du Grand Prêtre comme au pied de la croix, on trouve ce disciple bien aimé et non Pierre. Noter que ce même évangile relègue également les 12 à l’arrière plan. Il y a là une autre tradition chrétienne qui sans nier l’historicité du rôle de Pierre, cherche à valoriser d’autres témoins.

 

 

2-      Pierre, chef de l’Eglise mère de Jérusalem

a-      Trois types de raisons permettent de justifier cette position.

·         Du vivant de Jésus, Pierre aurait été le représentant privilégié du groupe des apôtres.

·         Pierre fut le premier a bénéficier des apparitions de Jésus. Les Evangiles contrairement à ce texte ancien de 1 Cor XV, 5, ne racontent pas cette apparition au seul Pierre, pour quelles raisons ? un seul témoin n’est pas crédible, il en faut plusieurs ( Paul rencontrera le même problème). Il est également possible que la première église cherche à minimiser le rôle des visions ( penser à l’affaire d’Antioche - voir  point II,3).

·         L’apparition s’accompagne d’un ordre de mission, celle de «  paître mes brebis » Jn XXI, 16. Cette expression renvoie à l’image du berger ( image très en cours à Qumrân). Le berger du troupeau ( les brebis sont les Juifs et non l’ensemble du monde païen) a une triple charge : Prêcher la parole, expliquer les Ecritures, appliquer la discipline ecclésiastique. « Paître mes brebis » désigne la direction de l’église-mère y compris l’activité missionnaire. C’est une mission limitée dans le temps, celui de la fondation.

b-       Quels indices de direction de l’Eglise primitive a t-on conservé ? seulement quelques traces.

·         Les 12 premiers chapitres des Actes sont consacrés à ce sujet. C’est sur l’initiative de Pierre que le groupe élit Matthias, c’est lui qui prend la parole le jour de la Pentecôte, qui applique la discipline ecclésiastique dans l’affaire Ananias-Saphira. Il exerce sur terre le jugement au nom de Dieu, en présence des autres apôtres.

·         Pierre est thaumaturge ( guérisseur). A chaque fois, il est l’instrument du miracle, non l’auteur. Il poursuit le charisme prophétique de Jésus. Le miracle est l’image ici bas du salut. Le mal signe du péché est éliminé[19].

·         En Samarie, Pierre est plutôt conciliant : Au « magicien » Simon (Actes VIII, 9) qui veut lui acheter le pouvoir de faire descendre l’Esprit, Pierre conclue sa réponse en lui disant «  repens-toi, cette pensée te seras peut-être pardonnée ». Avec Jean, il impose les mains à ces premiers  « chrétiens » de Samarie..

·         Vers 36, lors de son premier voyage à Jérusalem, Paul vient rendre visite une quinzaine de jours à Pierre, il était nécessaire pour lui de rencontrer sans trop tarder ( nous sommes quelques années après sa conversion) celui qui avait une position dominante.

Pierre n’a occupé que peu de temps cette fonction directrice. Nous sommes loin de l’image d’un premier pape aux allures quelque peu monarchiques. De plus, à la tête de l’église il n’est jamais vraiment seul, la plupart du temps il a à ses côtés, Jacques, le frère du Seigneur. C’est lui qui supplée Pierre lorsque les circonstances le contraignent à s’absenter.

 

c-      Cette activité de direction a t-elle comporté une réflexion sur tous ces évènements passés ? *

On a longtemps attribué au seul Paul une réflexion théologique, c’est le mérite du chercheur protestant Oscar Cullmann, que d’avoir montré l’existence de conceptions théologiques chez Pierre. A la lumière de divers travaux, nous proposons l’hypothèse suivante :

·         Pierre  convaincu comme beaucoup de Juifs à cette époque, qu’une page de l’histoire était tournée, que le Règne de Dieu allait bientôt venir, a peut être cherché sa voie à la fois du côté des Zélotes et du côté de Jean le baptiste. Selon sa conception, ce Royaume doit être terrestre et inauguré par  la venue d’un messie triomphant. Si Pierre reconnaît la messianité de Jésus ( exemple en Mc XVI,16), il refuse la conception d’un messie qui doit  souffrir et mourir (Mc XVI, 22).

·         Pierre n’est pas d’accord avec l’idée que Jésus se fait de sa mission. Il renie son maître. Les évangiles nous situent ce geste au moment où Jésus est condamné à mourir pour souligner l’attitude de Pierre qui cherche à sauver sa vie. Que signifie le reniement ? C’est une négation, le fait de cesser d’appartenir à.  Anathématiser le Christ était à la fin du premier siècle, une preuve d’innocence pour les accusés chrétiens dans l’empire romain. A certains moments, et pour des raisons semblables, certains disciples sont partis. Dans Marc ( XIV,27-31), Jésus les avertit de leur prochaine désertion ; C’est une prophétie après-coup, comme celle de l’annonce de la chute du Temple.

·         La troisième étape est la conversion de Pierre, symbolisée  dans les récits de la passion par les larmes versées. Cette place dans les récits de la passion, qui on le sait ont d’abord été des textes liturgiques, aurait été conçue pour mettre en garde les fidèles et proposer un modèle de conversion, un modèle de croyant. Mais historiquement, il est moins sûr que ce retournement se soit produit à ce moment là. Ce sont plutôt les apparitions qui ont tout déclenché. Pierre alors a compris que la mort de son maître était une mort rédemptrice. Nous avons là la plus ancienne christologie : Jésus expliqué par la figure du Serviteur Souffrant de Dieu, figure annoncée par le second Isaïe (Isaie49,3). Jésus est alors appelé «  Ebed Jahvé, Serviteur de Dieu, Serviteur qui par substitution se charge des péchés du monde.

 

 

3-      raisons de son départ de Jérusalem ( de la ville et de la direction)

a-      L’épisode rocambolesque et merveilleux de sa mise en prison et de sa  libération  -(Actes XII) -ne semble pas  en être la raison. Pierre a été emprisonné certainement lors de la persécution contre l’église de Jérusalem menée par Hérode Agrippa[41-44] ( petit-fils d’Hérode le Grand) en vue de plaire aux Juifs. Quelques années auparavant, l’empereur romain Caligula ( 40-41) voulait faire dresser sa statue sur le Temple, chose bien entendu inadmissible pour les Juifs. La mort soudaine de l’empereur fut interprétée comme la punition méritée pour tous ceux qui osent s’attaquer à la maison de Dieu. Il est dons logique, que pour leur plaire, Hérode Agrippa ait cherché à arrêter ceux qui prenaient quelques distances par rapport au Temple et à la Loi en général ; Les « chrétiens ».

Comment Luc raconte t-il son évasion miraculeuse ? Hérode devait juger Pierre avant la Pâque, mais, avec l’aide de Dieu, il s’évada. Le récit est écrit sur  un modèle littéraire hellénistique d’évasion miraculeuse, le but est de montrer l’intervention de Dieu auprès des siens et cela par un procédé littéraire de renversement de position. Au début du récit, Hérode et les Juifs sont forts, Pierre est en prison, puis alors que Pierre est libre, Hérode puni, meurt. Les expressions employées sont des images pascales : «  les portes s’ouvrent, les liens tombent ».

Le récit se place dans l’histoire du salut, Pierre est ainsi dans la droite ligne de son maître et en sort donc grandi. L’arrestation n’est donc pas la raison de la fin de sa position de chef.

b-      C’est son incapacité à gérer le conflit aigu entre hellénisme et judaïsme à l’occasion de l’affaire d’Antioche qui semble être la véritable raison.

·         Comment se présente ce problème ?

Pour des raisons d’observance de règles de pureté, les Juifs ne peuvent pas manger à la même table que les païens, un juif doit respecter totalement et scrupuleusement toute la Loi. Or les problèmes de contact juifs- païens se posent pour  les Juifs de la diaspora ( sur 6 à 8 millions de Juifs, il n’y en a que 2 millions en Palestine, tous les autres sont en contact avec les mondes païens, et notamment des civilisations hellénistiques). Sans ce respect strict de sa Loi, le peuple juif se serait dilué dans le concert des nations, il n’existerait plus.

Or à l’époque qui nous intéresse, il y a plus de rigueur dans l’application que la Loi elle même ne l’exige. Pourquoi un tel raidissement ? Parce que l’on a gardé un souvenir très fort de la crise  du siècle dernier, sous le roi Antiochos Epiphane, vers 170 av. J.-C. qui voulait obliger par la force le peuple juif à renier son identité en renonçant à l’obéissance à la Loi, à la circoncision. Ce roi voulait imposer l’hellénisme. Certains Juifs collaborèrent, d’autres résistèrent ; c’est la révolte de Judas Maccabée. A l’époque de Pierre, l’attitude à l’égard de l’hellénisme est ambiguë, il y a une certaine séduction de la culture grecque et de sa langue, mais en même temps beaucoup, par hostilité, se raidissent, deviennent des zélateurs de la Loi et exercent dans ce sens une forte pression sur le peuple  ( les Sadducéens[20], les Zélotes..). Les Grands Prêtres, la famille de Hanne[21], sont très stricts sur ces sujets. S’écarter d’une attitude rigoureuse, c’est s’exposer à des représailles. Les pharisiens eux sont plus modérés, ce qui permet d’avoir au Sanhédrin, un certain équilibre. Donc le groupe chrétien et notamment son chef Pierre, ne doit pas trop prendre de distance par rapport à la Loi, ni trop mécontenter les pharisiens pour bénéficier de leur neutralité bienveillante. L’ Eglise de Jérusalem vit dans ce créneau étroit. Se souvenir que ceux que nous appelons chrétiens sont en fait des Juifs pieux avec seulement une spécificité, c’est une « secte » juive parmi d’autres, dans le sens de courant[22].

·         Sur cette toile de fond, l’affaire qui va tout déclencher est un conflit à Antioche de Syrie[23]. Dans cette ville les chrétiens d’origine juive mangent avec les chrétiens d’origine païenne              ( grecque). Pierre accepte cette situation et partage ces repas. Comment peut-il justifier un tel acte d’impureté ? Par une vision où Dieu lui-même lui donne l’ordre, c’est la fameuse vision de Joppé racontée dans Actes X, 9-17. Des envoyés de Jacques, frère du Seigneur, venus de la communauté de Jérusalem le rappellent sévèrement à l’ordre. Il faut impérativement se séparer ( sur le modèle d’ailleurs de ce qui se pratique à Jérusalem où il y a plusieurs lieux de réunion selon le « courant ». Ce qui revient à affirmer qu’il y a  deux catégories de chrétiens, chacun avec son statut particulier. Encore une fois, pour comprendre cela il faut se situer d’un point de vue juif où la multiplicité est la règle et non d’un point de vue chrétien actuel où l’on s’indigne de l’absence d’unité.

·         Pierre accepte de se séparer, il se soumet, il craint pour sa vie. La commensalité est donc non souhaitable, non possible. Pierre suit la voie du réalisme, la sagesse d’homme, et non pas les consignes de la vision divine. Pierre n’en ressortira pas grandi, il renonce désormais à compter parmi les chefs, d’autant plus qu’il se fait reprendre vertement également par Paul pour ses hésitations et sa faiblesse à l’égard des autres chrétiens de Jérusalem.

 

 

III-             PIERRE,  MISSIONNAIRE  ET  MARTYR[24]

 

1-  Que peut-on savoir de son activité missionnaire ? [ en dehors de Rome ]

 Nos connaissances sont dépendantes de nos sources ; la principale ce sont les Actes des Apôtres, livre attribué à Luc. Nous avons aussi à notre disposition d’autres littératures comme des textes apocryphes, les témoignages de pères de l’Eglise ( Clément de Rome), tout ce qui constitue la tradition.

Les Actes nous apprennent beaucoup sur le christianisme primitif mais le but premier ne l’oublions pas n’est pas l’histoire au sens où nous l’entendons, mais le sens théologique des évènements. Or ce texte est écrit, après la chute du Temple, vers 80, à une époque où le christianisme commence à se démarquer du judaïsme, la critique se porte  alors contre les Juifs ( surtout contre les pharisiens qui représentent le judaïsme post Temple) qui ne se convertissent pas,  et ainsi ce contexte justifie  t-il  la conversion des païens.

·         Le but  du livre est de montrer que le schéma de Dieu est de faire entrer les païens dans l’histoire du salut. La tâche est difficile car l’on se trouve devant  une situation contradictoire :

-          de son vivant, Jésus a interdit la mission auprès des païens

-          Or il y a des situations de fait : la dispersion des hellénistes a entraîné l’apparition de communautés en Syrie Palestine,

-          Paul, assez indépendant, ne fait pas de distinction entre chrétiens d’origine juive ou païenne ; pour lui c’est la foi en Jésus qui sauve et non l’observance de la Loi.

-          La solution va consister à présenter Pierre comme le maillon intermédiaire entre l’interdiction de Jésus et la réalité du mouvement de conversion auprès des païens. Il fallait présenter Pierre comme l’initiateur de cette action, ainsi, étant donné son autorité, lui le roc, chacun pouvait s’abriter derrière lui, à commencer par Paul.

a-      Dans ce but, un épisode de la vie de Pierre va être mis fortement en valeur, c’est son action à Césarée chez le centurion Corneille. (ActesX,34). Comment Pierre a t-il pu prendre l’initiative de la conversion d’un païen alors que chacun savait que Jésus s’y était opposé ? (Mt X,5). L’initiative est présentée comme venant de Dieu, par le biais de l’Esprit saint. C’est l’esprit qui incite le chef militaire romain Corneille à rencontrer Pierre, c’est l’Esprit qui convainc Pierre d’accepter de se rendre chez un païen, chose inadmissible pour un juif. Pierre arrivé chez Corneille, constate que ces païens ont reçu l’Esprit, donc il ne voit pas d’inconvénient à les baptiser alors qu’ils ne sont pas passés par le judaïsme. C’est une nouveauté révolutionnaire dans la mesure où se créé ainsi une autonomie du mouvement chrétien, alors que jusqu’à présent il n’était qu’une « secte » du judaïsme.

Pierre se justifie, ce n’est pas lui qui le veut, c’est le projet de Dieu. Noter que les actions de Pierre sont toutes inspirées.

La doctrine de l’Esprit l’emporte sur la fidélité aux paroles du Jésus de l’histoire. ( On retrouve la même argumentation que chez Paul). Ce passage de Pierre et du soldat romain pose beaucoup de problèmes sur le plan historique, Luc ici a fait œuvre rédactionnelle importante.

b-      Comment se comporte Pierre en mission ?

Pierre voyage en famille avec sa femme, mais nous ne connaissons pas vraiment son itinéraire. Beaucoup d’églises prétendent avoir été fondées par lui ce qui leur donne plus de poids, mais cela n’a pas de fondement historique. On suit sa trace en Samarie, sur la côte syro-palestinienne, à Joppé ( où il ressuscite Dorcas – Tabitha en araméen, c’est-à-dire, la gazelle), à Césarée, à Antioche, peut-être à Corinthe ( où l’on parle d’un parti de Pierre, mais ce n’est pas sûr).

Contrairement à Paul, Pierre n’a pas écrit, nous devons accepter notre ignorance sur une grande part de sa vie. La tradition affirme qu’il y a eu entente et division des tâches, à Paul la mission en milieu païen et à Pierre la mission en milieu juif. Cela est très fictif, Pierre  présenté comme l’initiateur de la conversion païenne avec Corneille, et Paul voyage d’une synagogue à l’autre, et, de toute façon, très vite, toutes les communautés sont mixtes, juives et païennes.

Pierre est toujours montré dans une attitude faite de contrastes, parfois audacieuse, puis hésitante, faite de remords, voire de crainte. C’est le cas à Antioche, comme au temps de Jésus – reconnaissance de la messianité puis reniement.

 

2- Communautés juives et chrétiennes à Rome à l’époque de PIERRE

 

a-      La première mention d’une communauté juive à Rome[25] selon nos sources remonte à 140  av.J.-C. Il s’agit de descendants d’esclaves libérés, ex-esclaves issus des guerres menées par les Romains en Méditerranée orientale. A  l’époque qui nous intéresse, vers la moitié du premier siècle après J.-C., la communauté juive de Rome constituée essentiellement de marchands comprend entre 40 et 50 000 personnes dans un quartier précis de Rome, le Transtévère. Ces juifs sont liés au peuple de Rome, ont soutenu César et ont beaucoup pleurés à sa mort.

Les juifs en général dans l’empire romain ont obtenu des privilèges : exemption de service militaire car ce dernier implique un culte rendu aux dieux romains et à l’empereur, ils ont leurs propres tribunaux qui les jugent selon leur loi, le droit de se rassembler pour prier, prendre des repas en commun, de collecter de l’argent pour le Temple de Jérusalem).

Culturellement et commercialement, cette communauté de Rome est très liée à la Palestine, les échanges sont fréquents, et, c’est dans ce cadre que le christianisme arriva à Rome.  La communauté juive est organisée selon une douzaine de synagogues  assez indépendantes, les premiers juifs –chrétiens ont prêché dans ce réseau. Ce lien avec la Palestine n’est pas un soutien à sa cause politique, lors de la guerre juive de 64-70, cette communauté ne soutient pas leurs frères de Palestine, ne bouge pas. Cette guerre n’est pas une hostilité romaine à l’égard des juifs en général, ce n’est qu’un problème politique local. D’ailleurs, le général romain qui a pris Jérusalem, Titus, a lui-même une maîtresse juive, Bérénice.

b-      Qui a fondé les premières communautés chrétiennes à Rome ? Nous l’ignorons, ce n’est pas Pierre. Cela remonte certainement aux vingt premières années, comme à Alexandrie, comme à Antioche, et c’est probablement le fait de quelques juifs revenus directement de Palestine.

c-      Deux passages d’œuvres littéraires d’auteurs antiques nous permettent de saisir le moment où le groupe chrétien commence à se détacher de l’ensemble de la communauté juive romaine.

·         Suétone, dans « La vie des douze Césars ». A propos de l’empereur Claude [41-54] en XXV, 4, Suétone rapporte un événement que l’on peut situer vers l’an 49-50 : «  Claude chassa les juifs de Rome parce qu’ils se soulevaient continuellement à l’instigation de Chrestos ». Il y a là le souvenir déformé de querelles entre juifs à propos de Jésus. Des juifs venus de Judée avaient converti certains juifs dans quelques synagogues, ce qui entraînait dans cette communauté de Rome, des luttes intestines. Lorsque Suétone dit « les Juifs », il faut entendre les juifs christianisés. Parmi ce groupe, il faut très certainement compter Aquila et Priscille  que l’on retrouve à Corinthe comme hôtes de Paul.

·          Tacite dans ses « Annales » rapporte des évènements clés pour notre sujet, sous le règne de l’empereur Néron [ 54-68]. Pendant les premières années de son règne, Néron fut bienveillant et populaire, certains juifs-chrétiens purent revenir. Puis il y eut en 64 un terrible incendie qui ravagea pendant 9 jours de suite 10 des 14 quartiers de Rome. Alors que Néron revint précipitamment de Grèce pour reconstruire la ville, une rumeur se répandit selon laquelle il serait lui-même l’auteur de l’incendie. Pour couper court à ces rumeurs, il lui fallait désigner un bouc émissaire. Les juifs de Rome dans leur quartier non touché par l’incendie ne furent pas inquiétés, mais seulement parmi eux le groupe des chrétiens. Ce qui prouve que 15 ans environ après l’expulsion de Juifs par Claude, les autorités à l’extérieur sont ici en mesure de distinguer juifs et chrétiens.  Ces derniers furent moins accusés de crime d’incendie que de « crime contre le genre humain ». Pour la foule, les coupables étaient trouvés.

Tacite décrit dans ses Annales ; XV, 44, 6-9.la persécution de Néron qui fit périr « ..Une grande multitude, les uns enveloppés de peaux de bêtes, moururent déchirés par les chiens, d’autres furent attachés à des croix, ou, destinés aux flammes, brûlèrent, la nuit venue, en guise de luminaires nocturnes ». Des recherches récentes semblent indiquer que cela eut lieu dans le cirque de Néron, qui n’avait pas brûlé car installé à l’écart, dans une zone agropastorale appelée Vatican. La date serait le jour anniversaire de l’empereur ( c’est toujours une date importante fêtée par des sacrifices sanglants) soit le 13 octobre 64 ( ce qui correspondait également à 10 ans de règne).

 

3-       PIERRE à Rome : des traditions chrétiennes sûres d’elles, une recherche hésitante.

 

a-      La tradition de l’Eglise a toujours affirmé que Pierre est venu à Rome, ce qui assoit la tradition apostolique de la papauté, qu’il y fut martyrisé, crucifié la tête en bas par humilité et enterré. De plus, les mêmes traditions affirment qu’à Rome, son disciple Marc a écrit les faits et gestes de Pierre. Or, nos sources, évangiles, Actes des Apôtres, lettres de Paul sont étrangement muettes sur la venue de Pierre à Rome. En 58, lorsque que Paul qui est alors à Corinthe, écrit aux chrétiens de Rome pour leur signaler son arrivée prochaine, il envoie ses salutations à 25 chrétiens mais il n’est nulle part question de Pierre. Certes, il est vrai qu’à cette date, il ne pouvait s’adresser qu’à des chrétiens issus du paganisme car les autres étaient encore exilés. Ce silence de nos sources fut exploité par Luther et toute la tradition de la réforme protestante pour nier la tradition apostolique et donc l’autorité de la papauté à Rome.

b-      Des fouilles sous l’actuelle basilique du vaticane ne furent entreprises que sous le pape Pie XII entre 1940 et 1949 pour tenter de retrouver la tombe de Pierre et couper court aux rumeurs. Dans les siècles passés une crainte un peu superstitieuse avait empêcher un tel projet. Ces fouilles furent menées dans de mauvaises conditions, non seulement parce que c’était la guerre mais aussi parce que les hommes délégués à cette tâche n’étaient pas les plus compétents. La direction morale de ces fouilles fut confiée à Mgr Ludwig KAAS, le travail lui-même fut confié à quelques bons pères spécialistes, aux gardiens de la basilique et aux fossoyeurs officiels des catacombes. Le résultat des fouilles fut publié au début des années 50, déception, la tombe présumée de Pierre était vide.

c-      Dans les années 60, une femme spécialiste d’inscriptions grecques, Margherita GUARDUCCI obtint la permission de reprendre les fouilles. Dans son petit livre traduit en français sous le titre « Saint Pierre retrouvé, le martyre, la tombe, les reliques » publié en 1974, elle raconte sous une forme argumentée toute son aventure de recherche qui l’amène à conclure qu’il y a bien sous l’autel de la basilique, la tombe et les ossements de Pierre. Le pape Paul VI, convaincu par elle, a annoncé en juin 1968 cette découverte : «  on a retrouvé les reliques de Pierre ». Ce petit ouvrage se lit comme un roman, voici l’essentiel de ses découvertes et affirmations.

 Pierre est mort martyr en 64 lors de la persécution de Néron, crucifié comme clou du spectacle dans le cirque de Néron au Vatican. Il fut enterré tout proche ,là où l’empereur Constantin édifia la première basilique début IVe siècle.  Les premiers travaux furent ceux de Constantin qui aurait construit un petit édifice en matériaux précieux au dessus de la tombe, retirer les ossements pour les préserver de la destruction et les aurait placer dans une petite niche de l’édifice. L’édifice lui-même sert ainsi de sarcophage, les ossements étaient enveloppés d’un tissu précieux de pourpre impériale avec des fils d’or. Ce site fut tout au long du Moyen Age objet de dévotion, d’où les pièces de monnaie trouvées à l’intérieur. Puis au cours des siècles, plusieurs constructions vinrent s’ajouter, masquant la première et la faisant oublier. A la suite de ces fouilles, tout a été remis solennellement en place dans les catacombes sous la basilique.

 

Conclusion.

L’itinéraire de Pierre nous est apparu plus chaotique que ne le laisse présager la tradition qui a fait de lui le premier pape. Beaucoup de zones d’ombres sont encore présentes et nous empêchent d’établir un portrait très net. Les reconstitutions reposent en partie sur des hypothèses, ainsi avance la recherche, tant que ces hypothèses sont fondées, elles sont  à retenir.

Pierre, primitivement  a été disciple de Jean le baptiste, avec les fils de Zébédée ses associés dans la pêche.  De ce premier engagement il lui reste des conceptions particulières sur la fin des temps, sur l’idée de messie. Ce dernier doit s’imposer, dominer, régner dans la gloire.

Il suivra Jésus, reconnaîtra sa messianité mais n’acceptera pas la conception de Jésus, c’est la phase du reniement. Il cesse d’appartenir à.. Pierre déclare dans l’évangile : «  je ne connais pas cet homme ! ».

Viens ensuite un retournement, la conversion. A quel moment ? lors de la passion comme dans les constructions littéraires des évangiles ou lors des apparitions qui déclenchent tout ? La conversion, c’est quoi ? c’est la compréhension, l’interprétation de l’échec terrestre de Jésus comme figure du Serviteur Souffrant selon le second Isaïe. Les apparitions, les visions, vont être interprétées par lui comme des ordres de missions.

Avec l’apôtre Jean, Pierre joua au départ un rôle dirigeant important dans la première communauté de Jérusalem, mais il ne fut pas le pape posé par la tradition. Très vite il fut relégué à un rôle de missionnaire itinérant. Ses innovations n’étaient pas du goût de la majorité des juifs-chrétiens de Jérusalem, ni des juifs en général. Aussi toute sa vie, il est inquiété, poursuivi par ces gens qui lui en veulent. S’il est mort martyr à Rome c’est sur dénonciation d’autres juifs de Rome. Il y avait beaucoup de jalousies entre eux, et nos auteurs anciens le disent bien, la police romaine exploita les dénonciations entre juifs. Ce sont les mêmes intransigeants qui poursuivent Paul.

Pierre, un des premiers compagnons de Jésus, un des premiers à se convertir, à émettre une christologie, à sortir le « christianisme » naissant du monde strictement juif, mourut victime du rejet par le judaïsme, des nouvelles croyances et attitudes surtout, des chrétiens. Jésus est mort en juif, Pierre meurt en chrétien.

 

NOTES:

[1] Christian GRAPPE, » D’un Temple à l’autre , Pierre et l’Eglise primitive de Jérusalem » PUF, 370 pages, 1992. Il s’agit d’un ouvrage très technique, c’est en fait la rédaction d’un travail de thèse. Cet ouvrage a au moins deux mérites :  de montrer les influences esséniennes sur le christianisme primitif, et souligner l’interprétation liturgique selon le rythme des fêtes juives, par les premiers chrétiens, des épisodes de la vie de Jésus. Par exemple 1 Co V,7 : «  Christ, notre Pâque a été immolé ».

 

[2] A l’époque de Jésus, il n’y a plus que 2 tribus ½ [Juda, Benjamin et la moitié de Lévi], les autres ont disparu dans la tourmente de la fin des royaumes du Nord ( Samarie en 722) et du Sud ( Jérusalem en 587). Depuis ces époques, il y a cet espoir de reconstituer les 12 tribus d’Israël dans un règne messianique terrestre.

 

[3] 4 listes : Mt X,2-4 ; Mc III,16-19 ; Lc VI, 14-16 ; Actes I, 13. Rien dans Jean.

 

[4] Sur l’affaire d’Etienne et des hellénistes voir par exemples :Etienne TROCME, « L’enfance du christianisme », Noesis, 211 pages, 1997. Et Marie-Françoise BASLEZ, « Bible et Histoire » Fayard, 479 pages, 1998.

 

[5] « Histoire des religions » collection Folio/Essais, Gallimard, Tome II, 694 pages, 1999. C’est une reprise du texte de la collection La Pléiade.

 

[6] Sur les influences esséniennes voir Christian GRAPPE, op.cit ;.

 

[7] La bibliographie sur les Esséniens et Qumrân est énorme, voir le livre collectif du cinquantenaire  sous la direction de E.-M. LAPERROUSAZ, «  Qoumrân et les manuscrits de la Mer Morte » Cerf, 458 pages, 1997.

 

[8] Sur la Pentecôte voir « Bible et Histoire » op ;cit ;.

[9] Sur Jean le Baptiste et son mouvement, voir les ouvrages novateurs de Laurent GUYENOT «  Le Roi et le Prophète » collection Foi et Histoire, 308 pages, 1996, et la reprise de ces positions dans un livre plus important : «  Jésus et Jean Baptiste, enquête historique sur une rencontre légendaire », Imago Exergue, 380 pages, 1999.

 

[10] Voir Laurent GUYENOT, « Jésus et Jean Baptiste ». p.31 «  On peut résumer l’espérance juive du salut à ces deux formes fondamentales : d’une part l’espérance nationale, messianique et, d’autre part, l’espérance cosmique, eschatologique [ synonyme ici de apocalyptique. », « Ne perdons pas de vue que cette classification, fruit du rationalisme des lumières, a quelque chose d’artificiel. Les termes de « messianisme », et d’ »apocalypse », d’ « eschatologie » sont des étiquettes savantes récentes. Dans cette tradition, rien de bon ne peut venir des hommes, l’espoir ne peut venir que de Dieu ; on y attend la fin de l’histoire et la descente du Règne de Dieu, par le jugement terrible.

 

[11] Le Benedictus ( Lc I, 67-79) ; et le Magnificat ( Lc I,46-55) attribué à Marie, dans nos versions des évangiles, auraient été d’abord composés dans et par les mouvements baptistes, voir Laurent GUYENOT.

 

[12] Le sanhédrin est le collège suprême qui dirige le peuple juif, il est composé de représentants de prêtres et des grandes familles, il règle les affaires religieuses et civiles en tenant compte des imites imposées par les Romains.

 

[13] L’expression Bonne Nouvelle est le sens du mot évangile. Quelle est cette bonne nouvelle ? d’abord, la proximité du Royaume de Dieu, puis après la mort résurrection de Jésus, c’est Jésus-Christ lui-même.

 

[14] Lévite désigne le membre de la tribu de Lévi « mise à part », consacrée au service divin.. A l’époque de Jésus le service du Temple employait environ 10 000 lévites , en regard d’environ  7 000 prêtres. Ces lévites peuvent être scribes, chantres, portiers, juges, enseignants.. Barnabé, est un lévite originaire de Chypre. Barnabé ( en grec, Barnabas) se distinguait dans la communauté de Jérusalem par sa générosité, il prit Saul avec lui et le présenta aux apôtres, il l’emmena avec lui en mission à Antioche., puis plus tard se brouilla avec lui et pris le parti de Pierre en se séparant des chrétiens d’origine païenne. Barnabé partit ensuite à Chypre avec Jean-Marc.

 

[15] Sion est l’antique nom de Jérusalem, désigne le Mont du temple avec la présence de Dieu. Dans He XII,22, Sion est identifiée à la Jérusalem céleste. Ap XIV, 1, situe à Sion le grand rassemblement des 144 000 compagnons de l’Agneau. Les chrétiens ont donné le nom de Sion à a colline sud-ouest de Jérusalem, là où se trouvait le Cénacle, le lieu de la Pentecôte. L’Eglise Sainte -Marie -du-Mont- Sion y fut édifiée au Ive siècle.

 

[16] Les circonstances de l’attribution du surnom sont différentes selon les textes : Mt XVI, 17 lorsque Pierre reconnaît la messianité de Jésus, Mc III, 16, lors de leur première rencontre en Judée. La première mention de Pierre comme nom est en 1 CO XV, 5.

 

[17] Bar-Jona en Mt, XVI, 17 signifie anarchiste ou tout simplement fils de Jonas.

 

[18] Les Zélotes constituent un groupe religieux proche des pharisiens mais très nationalistes et n’hésitant pas à pratiquer le terrorisme  contre les Romains mais aussi contre d’autres Juifs jugés laxistes ,pour faire venir le Règne de Dieu, ces gens sont « zélés » dans l’application de la Loi.

 

[19] La possession est un état psychique dans lequel la véritable personnalité d’un individu est partiellement ou totalement remplacée par une autre. C’est soit l’esprit de Dieu ou d’un défunt qui agit à travers une personne, on parle alors de possession divine c’est la descente de l’Esprit Saint, soit un esprit impur, démoniaque, qui s’est emparé du corps d’un individu. Dans ce cas , l’exorcisme consiste à faire sortir cet esprit qui « habite » ce corps ; Jésus suite à la remarque de Pierre refusant l’idée d’un messie qui doit souffrir, dit : « Arrière, Satan ! » et cela, non pas à Pierre, mais à l’esprit qui l’habite. Ces conceptions chamaniques sont au cœur de la mentalité de nos évangiles

[20] Les Sadducéens forment un parti politico-religieux depuis deux siècles à l’époque de Jésus. Ce sont des membres des grandes familles sacerdotales et laïques. Ils n’acceptent pas les nouveautés comme les anges et la résurrection. Ce parti disparaîtra avec la guerre de 70.

 

[21] La maison de Hanne détient la fonction de Grand Prêtre sans interruption de l’an 18 de notre ère jusqu’en l’an 41 environ, Caïphe, gendre de Hanne (18-36), Jonathan (36-37), Théophile ( 37-41 ?). La crucifixion de Jésus eut lieu sous le pontificat de Hanne., de même que les premières persécutions.

 

[22] L’expression de chrétiens, « christianos » dérive de Christos, le messie, l’oint. Actes XI, 26, dit que ce nom fut donné aux disciples de Jésus, à Antioche vers l’an 43, par les païens, un peu comme un sobriquet, une moquerie ( ceux qui sont oints, dans le sens de barbouillés). En Judée on devait plutôt employé le mot Nazôréen. Le sens de ce mot est très discuté, il signifie peut-être « sauvé », « préservé ». Pour des discussions savantes voir par exemple un article de la revue Biblique 1998, t.105-2, pp.263…

 

[23] Le conflit d’Antioche exposé dans le livre des Actes (XV) a été abondamment étudié et commenté, citons celui de TROCME dans «  l’enfance du christianisme » op ;cit ;.

[24] Distinguer l’origine et l’orthographe des différents sens du mot. Le martyre du latin martyrium, signifie la souffrance endurée : Pierre souffrit le martyre. Un martyr ( une martyre) du grec martur, signifie le témoin, c’est la personne qui a souffert pour témoigner de la vérité de sa religion. Pierre est martyr.

 

[25] R.E.-BROWN, « Antioche et Rome » Lectio Divina, N° 131,Cerf324 pages, 1988. «  Le Monde de la Bible » N°103, mars-avril 197 intitulé «  Rome et la Bible »., ainsi que les numéros  51 et 73. Le livre source est celui de Margherita GUARDUCCI, «  Saint Pierre retrouvé, le martyre, la tombe, les reliques »,, Editions saint Paul, 150 pages, 1975.

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Dernière modification : 03 janvier 2008