Remonter Editorial Les Amis De l'IFEER Formations Pédagogie Bibliographie Sessions de L'IFER Presse Notes de lecture Nos Sites Favoris Glossaire des termes

LES ORIGINES


 

 

Remonter


         

 

 

LES ORIGINES JUIVES DU CHRISTIANISME

Conférence donnée à Bonnes en janvier 1998

par Christian BERNARD

 

 

Le christianisme est l'un des fondements de notre culture occidentale, c'est un constat, que l'on soit croyant ou non. L'étude de ses origines, de sa naissance est de ce fait d'un grand intérêt. Ce christianisme est né au sein du monde juif qui en constitue sa matrice; aussi, d'une certaine manière donc, ce monde juif est l'une des sources de notre culture.

Pourtant l'on constate que depuis 2000 ans et même bien avant, ce peuple juif est souvent mal aimé, critiqué, persécuté, maudit; cela va des défauts des pharisiens fortement soulignés dans les évangiles aux clichés contemporains sur le "youpin", en passant par la tragédie de l'holocauste. Pourquoi notre culture occidentale renie-t-elle une de ses sources? Une raison originelle est à chercher précisément dans la séparation entre judaïsme et christianisme naissant. Jusqu'au concile de Vatican II, le monde chrétien a accusé les juifs d'être déicides, d'avoir tuer Dieu en menant Jésus au supplice de la croix.

La tendance actuelle est plutôt au dialogue entre les deux religions, ce dialogue est difficile mais il avance comme en témoigne la Pologne actuelle.

Ainsi donc, remonter aux origines du christianisme entraîne à reconsidérer le judaïsme de cette époque. Quelles sont les sources qui nous permettent d'aborder l'étude de la naissance du christianisme ? Ce rappel sera bref et non exhaustif car nous aurons l'occasion de le préciser lors d'une prochaine conférence sur Jésus.

Pendant des siècles nous avons eu essentiellement le discours des Eglises sur le sujet, c'était la plupart du temps un discours bien construit, très édifiant car conçu pour édifier, où les problèmes étaient souvent gommés, où l'Eglise se développait d'une façon linéaire voire harmonieuse à partir des actions initiatrices de Jésus qui envoie ses disciples en mission et fait le choix de Pierre pour fonder son Eglise. C'était le temps de l'Histoire Sainte" type Daniel Rops.

Puis avec la modernité et l'essor des techniques des sciences humaines , une étude critique des sources , chrétiennes notamment s'est développée. On s'est posé la question de la valeur de ces textes ( lettres, évangiles, Actes des apôtres...) On le sait maintenant, ces textes écrits en gros entre 50 et 100 ap. JC reflètent les perceptions de leur époque, justement celles qui nous intéressent ici, lors de la naissance du christianisme. Lorsque ces textes nous parlent du temps de Jésus, ils voient en fait ce passé selon leurs propres préoccupations. Les évangiles disent plus sur les premières communautés chrétiennes qui nous intéressent aujourd'hui que sur Jésus lui-même. (1)

En plus de cette étude critique des sources chrétiennes "officielles", étude qui est loin d'être achevée, les chercheurs actuels s'intéressent également très fortement à d'autres sources, juives et chrétiennes, pas toujours reconnues officiellement par ces deux religions, ce sont des textes dits apocryphes dont une nouvelle publication est en cours dans la collection la Pléiade, ce sont également les fameux manuscrits de la Mer Morte dont on parle beaucoup.(2)

Bref, pour mieux comprendre la naissance du christianisme, il faut replonger celui-ci dans son milieu de naissance, le judaïsme antique; c'est ce que nous nous proposons de faire, afin d'en dégager les emprunts, les ressemblances et les différences d'une part, et d'autre part, de montrer les étapes , motifs et occasions de séparation.

 

 

 

I- COMPRENDRE LE CHRISTIANISME PAR LE MILIEU CULTUREL JUIF AMBIANT

Le peuple juif au début de notre ère est un petit peuple d'environ 5 à 6 millions de personnes, 500 000 à 1 million vivent en Palestine et les autres, 5 millions, la grande majorité donc est dispersée, c'est la Diaspora. Ce monde juif est alors extrêmement diversifié, on peut parler des judaïsmes tant est forte la singularité des groupes, mais les points communs soudent cet ensemble d'une manière nette, de telle sorte que l'on peut ,à cette époque ,distinguer sans équivoque un juif d'un non-juif.

1) la Palestine est le cadre de référence du monde juif, c'est la "Terre promise", la terre de l'alliance avec Dieu, c'est la ville de Jérusalem avec toutes les références religieuses et historiques que cela représente.

a-Cette Palestine est un petit pays, fait de contrastes:

contrastes entre un relief fait de plateaux élevés et de collines au centre et une grande dépression à l'est constituée par la Mer Morte et  la vallée du Jourdain, contrastes entre des lieux de vie intense, des villes et oasis et le désert tout proche; la possibilité "d'aller au désert " est un thème majeur de la religion d'alors; contraste climatique entre un climat méditerranéen dans l'ensemble mais qui n'exclue pas un coup de froid sur les hauteurs ( il neige assez régulièrement à Jérusalem) et un climat désertique proche, chaud et sec notamment sur les rives de la Mer Morte.

b-Cette Palestine est sous influence voire domination étrangères depuis longtemps. Les deux petits Etats constitués par les descendants de Saül, David et Salomon ont été balayés par les Assyriens (VIII e siècle) et par les Babyloniens ( Nabuchodonosor au VIe siècle). L'incorporation de la Palestine à ces grands empires explique la présence depuis lors d'une diaspora juive dans ces régions orientales. Après la grande épopée d'Alexandre le Grand, la Palestine est incorporée au IIe siècle à des espaces hellénistiques plutôt méditerranéens, ce qui est à l'origine d'une diaspora dans cette direction. Cette présence de la civilisation grecque puis romaine avec l'arrivée de Pompée en -63 est une donnée essentielle pour comprendre l'attitude de tel ou tel groupe juif. Cette présence étrangère suscite des collaborateurs ( comme en témoignent le nom des villes :Césarée, Tibériade.. fondées sur la côte pour plaire aux Romains) et des résistants (les frères Maccabées au IIe siècle, les Zélotes au temps de Jésus, et bien sûr, les deux révoltes juives de+ (66-70) et de 135. L'affrontement sera violent : en 70 la ville de Jérusalem est prise par Titus et le Temple est détruit, en 135 sous Trajan, la ville de Jérusalem est rasée et une ville entièrement romaine est construite à la place. Pour punir ces juifs indociles, les Romains donnent au pays le nom de Palestine, nom qui vient de Philistins, leur vieil ennemi traditionnel ( penser à Goliath au temps de David en -1000). (3)

c-La Palestine est composée de plusieurs régions; lors de la naissance de Jésus ( vers -6?) elle est politiquement unifiée avec Hérode le Grand qui est Roi par la bonne volonté romaine.

- au sud , la Judée. Les judéens possèdent Jérusalem avec le Temple, c'est à dire le cœur physique et spirituel de la religion, du monde juif. Depuis +6, la Judée est administrée directement par les Romains : par un préfet ( titre militaire, alors que procurateur est un titre civil) qui dépend du légat dirigeant l'ensemble de la province de Syrie. A l'époque de Jésus, le préfet est le fameux Ponce Pilate, quelqu'un qui n'était pas tendre avec les Juifs, à tel point qu'il fut révoqué par ses supérieurs. La langue parlée est plutôt l'araméen et un peu le grec.

- au centre c'est la Samarie.(4) Les Samaritains sont mal aimés des Judéens, ils sont un peu considérés comme des faux frères. Ils avaient leur temple particulier sur le Mont Garizim où ils pratiquaient des rites différents de Jérusalem. Lorsque l'évangile évoque la rencontre de Jésus avec une samaritaine c'est précisément pour souligner la nouveauté du christianisme, alors que pour les Judéens ces Samaritains sont en fait des gens peu fréquentables. Des "Hellénistes" que nous rencontrerons plus loin, qui sont un groupe parmi les premiers chrétiens viendront se réfugier ici en Samarie et y fondront des premières communautés "chrétiennes".(5)

- au nord c'est la Galilée,(6) le pays de Jésus et de ses premiers disciples; c'est une terre riche, fertile ,faite de magnifiques collines descendant au lac de Tibériade. Cette Galilée est une zone de passage, de brassage, c'est la terre "des Nations", cosmopolite en quelque sorte. Cette région a été judaïsée tardivement et par la force. Le roi-prêtre Hasmonéen Jean-Hyrcan I (7) vers -105 fit la conquête de la Samarie ( il détruisit le temple), et de la Galilée. Ces Galiléens ,disent les Judéens ont un fort accent, ce sont des ruraux, eux non plus ne sont pas très bien considérés. A l'époque du ministère de Jésus, la Galilée est administrés par Hérode Antipas fils d'Hérode le Grand .(8)

2) le monde juif de la diaspora

La Diaspora ce sont les communautés juives exilées au cours de l'histoire en dehors du berceau palestinien. Ces mouvements d'exils ont commencés très tôt dans l'histoire comme nous l'avons rappelé. Vivent ici environ 5 millions de juifs, c'est beaucoup mais ils se trouvent presque toujours en situation de minorités en territoire païen, c'est une grande différence avec les juifs de Palestine qui sont beaucoup moins nombreux mais sont en nette majorité dans leur espace.

Cette Diaspora se situe à l'est et à l'ouest de la Palestine:; de la Mésopotamie à l'Espagne.

- A l'est vivent depuis des siècles des communautés juives au contact des civilisations mésopotamiennes. Les juifs ont incorporé à leurs croyances des éléments pris aux thèmes de la religion iranienne (dualisme, jugement dernier, résurrection des morts..), des matériaux religieux mésopotamiens avaient déjà jadis été incorporés dans le discours biblique ( le déluge doit beaucoup à l'épopée de Gilgamesh).(10) Ces groupes parlent probablement l'araméen.

- A l'ouest, les communautés juives de la diaspora sont dans le cadre de l'empire romain avec un statut particulier qui reconnait leur particularisme; ceci est important, car tant que les premiers chrétiens ne seront pas distincts des autres juifs, ils bénéficieront de ce statut protecteur.

Ces juifs pratiquent leur religion d'une manière un peu différente que ceux de Palestine. Leur langue est le grec, le rituel est en grec. La puissante communauté juive d'Alexandrie en Egypte avait traduit dès le IIIe IIe siècles av JC la Bible en grec, c'est ce qu'on appelle la Septante ( LXX) car traduite par 70 sages selon la tradition.(11)

Passer de l'hébreu au grec pour ces livres bibliques était plus qu'une simple traduction, une traduction n'est jamais neutre, le passage de l' hébreu au grec donne aux notions juives une autre résonance. Plusieurs siècles séparent les deux versions; entre temps la révélation a progressé, ces nouveautés vont être en partie incorporées dans le texte grec par le biais de la traduction; c'est le cas de l'idée de résurrection ( Isaie 26-14,Osée -2), c'est le cas du fameux texte d'Isaïe 7-14 : la prophétie de l'Emmanuel : en hébreu le mot "alma" désigne "la jeune fille" - en l'occurrence l'épouse royale-, et dans la version de la Septante, le mot est traduit par " parthenos", la" vierge". La lecture donc de la Bible diffère de celle de Judée; or, et ceci est un fait capital, les premiers chrétiens utiliseront essentiellement la Bible dans sa version grecque, avec le sens hellénisé nouveau des notions juives, ils écriront en grec, le nouveau testament est écrit en grec. Les premières communautés chrétiennes importantes se constituent dans cette diaspora grecque.

Ces juifs de la diaspora grecque viennent lorsqu'ils le peuvent à Jérusalem, pour les grandes fêtes comme la Pâque ou à l'occasion de "leur retraite" car chaque juif espère mourir et être enterré en terre sainte.

Le christianisme naissant n'invente pas le contact avec le monde païen extérieur au judaïsme comme une lecture rapide du fameux discours de Paul à Corinthe pourrait le faire croire; depuis deux siècles déjà, le judaïsme est en partie hellénisé, des idées l'ont pénétré. Pour le christianisme il y a déjà là tout un réseau de communautés juives actives qui explique en partie la rapidité de son succès. En schématisant à l'extrême, on peut dire que le christianisme:

- échouera dans le monde juif de Palestine

- réussira dans le monde juif de la Diaspora.

3) Quels sont les grands traits de la pensée juive d'alors, les aspects identitaires et les particularismes de groupes? Telle est maintenant notre interrogation afin de voir de quoi est pétri le christianisme naissant.

C'est surtout le judaïsme de Palestine qui est traversé de courants multiples ,de sectes comme on a dit pendant longtemps ( mais ce mot est de nos jours trop connoté pour être ici employé).

a- Les sadducéens forment une véritable caste, ils regroupent les grandes familles de l'aristocratie sacerdotale. (12)

Ils ont une position religieuse forte, ce sont les hommes du Temple, du rituel , du sacrifice animal, de l'interprétation conservatrice de la Loi ( ils refusent les influences étrangères en matière de religion, ces croyances venues de l'est comme les anges, les démons, l'idée de résurrection..) Les sadducéens prennent refuge dans un rituel impeccable, le rituel pour le rituel dans un grand souci de pureté, pureté de l'acte, pureté de la relation rituelle à Dieu.

Ils ont une position sociale enviable; leur richesse les pousse à bien vivre, c'est-à-dire comme les occupants, à la grecque, à la romaine; politiquement parlant, les Sadducéens sont pro-romains; de telles attitudes les éloignent du peuple; ce sont des conservateurs, ils sont contre toute idée de messianisme c'est à dire contre tout remous politique. Ils ne sont qu'à Jérusalem où on les retrouve opposés à Jésus et à certains chefs des premières communautés chrétiennes. Ils disparaîtront avec la chute du Temple en 70. Avec ces deux aspects, de conservatisme religieux et d'éloignement du peuple, les Sadducéens sont l'opposé du groupe des pharisiens.

b- Les pharisiens constituent le courant juif le plus nombreux.

Leur attitude précise avant 70 est assez mal connue et pourtant le christianisme leur doit beaucoup même si dans l'évangile ces pharisiens subissent une critique très sévère.(13)

*Les pharisiens sont des juifs laïcs pour la plupart c'est-à-dire qu'ils ont une profession, ils sont plongés dans la vie de tous les jours comme artisans, commerçants parfois même paysans mais ils sont plutôt en ville. En plus de leur métier, ils consacrent beaucoup de temps à l'étude de la Bible, de la Loi afin de mieux l'appliquer, de vivre en harmonie avec Dieu. Leurs connaissances font qu'on les appelle souvent maître, rabbi ( rabbins après 70) ; ils vivent souvent en fraternités, sorte de communautés d'étude et de prière, fréquentent beaucoup les synagogues et les scribes ces autres spécialistes de la loi. Ces pharisiens se rencontrent dans tout le monde juif

*Plongés dans les activités de la vie quotidienne, les pharisiens ont très tôt ressenti la nécessité d'interpréter la Loi, de l'adapter à leur époque, c'est ainsi que se créa la tradition orale, un commentaire de commentaires de la Loi; ils font de la Loi un ensemble de commandements moraux .

Les pharisiens sont en quelque sorte des progressistes. Mais au-delà des adaptations nécessaires, ils pratiquent en fait une stricte observance de la Loi, ils sont très tatillons comme nous les montre l'évangile, mais ils le font pour bien faire, pour hâter l'arrivée des temps messianiques. Tout de même ce souci constant de pureté rituelle, de maniaquerie des bains entraîne chez eux une fierté, une superbe qui les sépare ( leur nom signifierait les "séparés") d'une partie du peuple; ils sont admirés en ville, mais ils méprisent le peuple des campagnes, ces "pécheurs" qui pratiquent peu la religion.

*Nous voyons là les ressemblances et les différences avec les chrétiens. Jésus dans l'évangile est parfois lui aussi appelé rabbi, maître. Les chrétiens sont donc proches au départ des pharisiens, puis à partir de 70 nous le verrons, ceux-ci deviennent le principal obstacle, la mission chrétienne échouera en Palestine essentiellement face à la résistance pharisienne.

 

c- Les esséniens eux sont un peu les intégristes de l'époque. (14)

S'ils étaient déjà un peu connus par l'auteur antique Flavius Josèphe, c'est la découverte des manuscrits de la Mer morte, près du site de Qumran qui nous les fait mieux connaître. 1997 fut l'année du cinquantenaire de cette grande découverte et plusieurs ouvrages ont fait le point. La communauté internationale des savants à traduit avec difficultés et patience l'essentiel de leur bibliothèque qui nous renseigne sur leur conception du judaïsme. De mauvaises polémiques ont été lancées à se sujet mais elles sont sans fondement; par contre il est encore assez difficile de préciser certains points de leur histoire et de leurs idées.

*En gros c'est une communauté de juifs présente entre -100 et + 68, donc tout à fait dans notre période de naissance du christianisme. Cette communauté fut semble t-il fondée par des prêtres chassés de Jérusalem sous la dynastie hasmonéenne et s'installa au désert, à Qumran près le Mer morte sous la direction d'un "Maître de justice". CES juifs sont de ce fait très hostiles au Temple de Jérusalem, aux Sadducéens. Ils se pensent comme le véritable futur Israël. On a retrouvé dans leur littérature la citation, fameuse d'Isaie 40-3 " dans le désert, dégager un chemin pour le Seigneur", verset ,on s'en souvient, repris par les chrétiens à propos de Jean le Baptiste.

*Leur histoire peut se diviser sommairement en trois époques:

- de -100 à -65 ils installent leur vie de type monastique à Qumran, mais subissent vers 65 une persécution de la part de Jérusalem.

-de -65 à -24, les esséniens sont exilés à Damas ( Paul au tout début va à Damas pour y persécuter une des toutes premières communautés chrétiennes, on peut penser que les esséniens y avaient laissé des traces , traces peut être reprises par ces premiers chrétiens). de leur exil ils pestent contre le Temple de Jérusalem, contre les grands prêtres-rois hasmonéens, pour eux le Temple est souillé par la présence de ces Hasmonéens, ce Temple n'est plus fréquentable; aussi voient-ils une saine vengeance divine dans les événements qui vont toucher alors la Palestine ( prise de Jérusalem par Pompée en -63, invasion de la Palestine par les Parthes en -40, un fort tremblement de terre en -31 suivi d'une famine en -25 avec peste en -24).

- de -23 à + 68.retour à Qumran ;jusqu'à la guerre romaine où ils disparaissent; beaucoup deviendront alors "chrétiens".

*L'étude de leur littérature conservée dans les fameux manuscrits nous révèle de nouveaux aspects du judaïsme qui montrent une des sources importantes du tout premier christianisme, en voici quelques exemples vite épinglés: (15)

- les esséniens pensent que les "jours sont proches", ils attendent l'arrivée d'un messie. On a beaucoup écrit sur ce sujet, il semblerait que cette attente soit celle d'un messie à la fois Prêtre et Roi

- ils croient à la résurrection ( on comprend pourquoi certains deviendront chrétiens)

-on trouve:

. une référence ( qui ne se retrouve nulle part ailleurs dans la Bible) à la fameuse formule des "pauvres en esprit" de Matthieu,

.un nouvel éclairage sur la crucifixion que l'on croyait être une spécificité romaine. Des textes de Qumran affirment la possibilité juive de la crucifixion par une reprise du passage biblique Dt 21, 22-23; ceci donne un éclairage d'authenticité juive à la crucifixion de Jésus dans l'évangile. En -88, dans cette optique, le roi-prêtre Alexandre-Janné fit crucifier 800 pharisiens qui s'opposaient à lui, pour motif de trahison ( appel au secours lancé au roi hellénistique Demetrios III).

. des rituels d'eau pour se purifier, plusieurs fois par jour ( purification donc par soi-même et non un seul baptême dans sa vie, donné par une autre personne),

.un goût pour l'apocalyptique, pour l'opposition entre le bien et le mal, la lumière et la ténèbres...

*Certes, il y a des ressemblances entre les esséniens et les premiers chrétiens qui vivent eux aussi en communauté, mais :

- ni Jean le baptiste, ni Jésus n'ont été esséniens, mais ils les ont connus vraisemblablement, car ils ont été géographiquement proches d'eux ( ils baptisaient au Jourdain, un peu au nord de Qumran)

-aucun texte de Qumran ne parle de Jean ou de Jésus.

Ces esséniens sont séparés, ils refusent le Temple d'alors, ils ont des aspects sectaires prononcés; il y a des rencontres inévitables avec le christianisme d'autant plus que certains viendront très tôt au christianisme, mais il y a en fait des conceptions de fond différentes.

d- les Zélotes constituent un groupe juif politico-religieux particulier. (16)

Leur nom varie selon les sources, "brigands" , "sicaires"..ce sont des juifs très zélés, désirant une grande pureté pour leur pays et pour leur peuple. Ce souci de pureté de la terre d'Israël les pousse souvent au crime contre l'occupant romain, contre les collaborateurs; ce sont des activistes, des résistants, voire des terroristes qui vivent à l'écart, en secret. Ces Zélotes pensent agir pour le bien de tous, ils périront dans la guerre contre Rome en 70.

On peut les comparer à ces groupes musulmans qui de nos jours essaient d'imposer leurs vues par la force, d'imposer la loi musulmane exclusivement, la charia.

*Dans l'entourage de Jésus on en devine quelques uns ,comme Simon le zélote; assez vite, ils ont du s'apercevoir qu'ils faisaient fausse route en suivant Jésus; ne pourrait-on pas comprendre par ce biais la trahison de Judas ? Paul lui-même n'aurait-il pas été Zélote lorsqu'il persécutait les premiers chrétiens de Damas ? Sa peur de revenir à Jérusalem par la suite ne s'expliquerait-elle pas par une appartenance jadis aux groupes zélotes ?

Le judaïsme paraît donc éclaté en groupes minoritaires mais très distincts, tous veulent rendre à la Loi sa vraie place. Mais la grande majorité du peuple juif est constituée de paysans qui vivent sans se soucier de ces problèmes, qui pratiquent avec distance et modération la religion. Ces groupes que nous venons de voir sont coupés de cette masse paysanne. Cet éloignement de la religion chez le plus grand nombre, pensent certains, va susciter la colère de Dieu. Les deux mouvements, le mouvement baptiste avec Jean et le mouvement chrétien avec Jésus vont essayer de renverser les barrières qui séparent du peuple, ils vont appeler ces gens peu pratiquants , considérés donc comme pécheurs, à se convertir.

e- Le mouvement baptiste est le moins bien connu de tous les groupes juifs, car s'adressant au peuple, aux pauvres, il n'a pas laissé de traces écrites. (17)

C'est le parti du changement. La figure principale est celle de Jean le baptiste qui baptisait en eau courante ,d'abord au Jourdain puis en Samarie. C'était un baptême d'eau pour effacer les péchés, et appeler à la conversion, c'était un message qui s'adressait à tous, le premier message de décloisonnement en milieu juif, une manière de réintégrer les exclus, de réveiller le sentiment religieux en milieu populaire, c'était une religion du cœur et non du rituel. ( de nos jours il y a quelques survivances au sud de l'Irak avec les mandéens). (18)

*Les données que nous possédons sont celles du discours chrétien sur le sujet ( le baptême de Jésus par Jean, l'effacement de Jean le précurseur). Paul ne parle jamais de Jean, les 3 évangiles synoptiques ( Marc, Luc, Matthieu) parlent de l'activité baptismale de Jean ,pas de celle de Jésus; seul l'évangile de Jean ( J 4,1-2) évoque cela: " Jésus faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean; Jésus ne baptisait pas... mais ses disciples". Jésus resta un certain temps dans ce mouvement baptiste, eut son propre mouvement baptiste au point de créer une rivalité entre les deux, rivalité que les évangiles vont s'efforcer de gommer par le discours que nous connaissons : lien de parenté, Visitation - rencontre d'Elisabeth et de Marie- effacement de Jean. Incontestablement, il y a eu un départ commun, le premier mouvement organisé par Jésus fut un mouvement baptiste.

f. Au-delà de ce judaïsme pluriel, quels sont les points communs, quel est le ciment qui distingue un juif d'un non juif ?

*Les Juifs se distinguent alors des autres peuples par un monothéisme strict.

Le credo juif l'affirme ( le "Chema Israël" qui signifie " Ecoute Israël") : Dt VI,4-9: " Ecoute Israël, le seigneur notre Dieu est le Seigneur Un.."

Le Seigneur, en hébreu Adonaï est le nom de Dieu lu à la place des quatre lettres en hébreu ( le tétragramme) YHWH qui constituent le véritable Nom de Dieu dans le texte révélé. Ce Nom n'était prononcé qu'une seule fois l'an, le Jour du Grand Pardon, dans le Saint des Saints du Temple, par le Grand Prêtre en exercice. Depuis la destruction du Temple, ce Nom ne se prononce plus. Certains chrétiens ont pris l'habitude de vocaliser ce tétragramme avec les voyelles du mot Adonaï, ce qui fait Jéhovah, formule qui n'a pas de sens; la vocalisation en Yahwé est peut être meilleure mais l'hypothèse n'est pas vérifiable. Ce tétragramme est le verbe être conjugué dans une forme archaïque, dans la formule "Je suis" Ex 3,14, Dieu se nomme lui-même comme sujet.

Ce Dieu unique est transcendant, d'où le refus des images, des représentations.

*Ce Dieu a passé alliance avec le peuple juif qui se dit ainsi le peuple élu ( l'élection est un devoir de témoignage devant les nations); ce "contrat" passe par la Loi ( "Thora") donnée par Dieu à son peuple par la médiation de Moïse; c'est en fait un ensemble de prescriptions et d'interdits élaborés au fil des temps comme une sorte d'exigence de l'alliance, la condition d'une relation privilégiée Dieu-peuple juif.

*Le judaïsme est plus une pratique de la Loi qu'une réflexion théologique imposée, c'est plus une "orthopraxis" qu'une orthodoxie. Le rituel compte beaucoup.(19)

* Ce Dieu est transcendant certes, mais il habite tout de même parmi les hommes; après le temps de l'Arche d'Alliance de Moïse jusqu'à Salomon, les Juifs lui ont construit un Temple magnifique à Jérusalem; à notre époque c'est le deuxième, embelli par Hérode. Le Temple de Jérusalem est le lieu des sacrifices, c'est le lieu expiatoire, mais aussi de la prière. Pour les fêtes il attire des milliers de juifs de toute la Diaspora, il est le cœur du judaïsme, il est le symbole identitaire "national"; de ce fait, s'il a beaucoup d'admirateurs, le Temple a aussi ses détracteurs, et le mouvement de Jésus se placera certainement parmi ces derniers.

Il faut donc insister sur l'extraordinaire diversité, dans le sens d'un bouillonnement, d'une richesse, du judaïsme du début de notre ère.

La pensée juive sur la fin des temps ( la question eschatologique), sur l'idée de messie, de résurrection.. est alors assez indécise; il n'y a pas de consensus sur ces questions; tous les juifs de cette époque ne sont pas en attente d'un messie, et ceux qui sont dans cet espoir, l'imaginent de façons diverses, pas forcement guerrier.

Dans ce contexte, le mouvement Jésus a très bien pu se mouler sans apparaître plus étrange que d'autres, tout au moins pendant deux ou trois générations ,ce qui est beaucoup, et par ailleurs, il ne faut pas être surpris de constater la diversité des réceptions (20) de Jésus selon le milieu juif en question; tous ne pouvaient pas pareillement l'identifier comme ressuscité, comme messie ou comme Fils de Dieu.

La grande diversité des judaïsmes explique en partie la grande diversité du christianisme naissant, au point que l'on parle souvent des christianismes primitifs.

 

II- - LES SEPARATIONS DU CHRISTIANISME D'AVEC LE JUDAISME

Nous allons analyser tout au long du premier siècle de notre ère les étapes, les occasions de séparation entre premiers chrétiens et autres juifs; plutôt que de suivre un déroulement chronologique des différentes phases de séparations. Nous étudierons les prises de distance à propos du Temple, de la Loi et des synagogues, c''est-à dire, d'avec les grandes institutions fondamentales du judaïsme? Qui se sépare de qui, quand et pourquoi ?

1) séparation d'avec le Temple

Le Temple, lieu d'habitation de Dieu, lieu des sacrifices nécessaires à la bonne marche de l'histoire spirituelle du peuple, lieu de l'identité nationale juive, va être la première institution juive de contestation.

a- Les Actes des Apôtres nous renseignent sur la première communauté "chrétienne" de Jérusalem dans les années qui suivent la mort de Jésus. (18)

Au départ c'est une petite troupe de 120 personnes environ ,composée de plusieurs groupes différenciés par leur langue maternelle:

* le groupe dit des Hébreux, de langue araméenne ,est constitué par des "chrétiens" d'origine juive, des gens qui ont suivi Jésus, les 12 notamment.

* le groupe des "Hellénistes" ainsi appelé car de langue grecque, ce sont des gens issus de la Diaspora très certainement ( des juifs et des judéo-chrétiens parlant grec). Quant et comment ces Hellénistes sont-ils venus s'installer à Jérusalem, nous l'ignorons. Ils ont dans Jérusalem même ,des synagogues où ils officient en grec, ils vivent à la grecque, aussi d'une certaine manière sont-ils des gens un peu louches et blâmables, en tout cas, c'est au départ un groupe assez réduit.

Comment les deux groupes s'entendent-ils ? La réponse un peu idyllique des Actes consiste à dire que les Hébreux, les 12, ceux qui ont le prestige de l'ancienneté, ont admis les Hellénistes dans leur communauté en instituant le groupe des 7 à leur côté. Les tâches sont réparties, aux 12 le service de la parole, aux 7 le service des veuves. En fait les 7, les Hellénistes, parlent eux aussi, ils ont une activité missionnaire importante, bien plus que les 12; leurs chefs, Etienne, Philippe ( des noms grecs) annoncent la Bonne Nouvelle , l'Evangile. Les Hellénistes sont admis mais surveillés, ils seront même inspectés plus tard!

b-La première information qui nous est rapportée sur ces Hellénistes est la mort de leur chef, Etienne; il est lapidé vers 35-37 soit environ 5 à 7 ans après la crucifixion de Jésus. Par qui ? par les membres du judaïsme officiel, les gens du Temple, les sadducéens.

Cette persécution, une des toutes premières, est une action qui se passe à l'intérieur du monde juif, elle ne concerne qu'une partie de cette communauté de juifs-"chrétiens" de Jérusalem, les Hébreux eux, le plus gros de la troupe , ne sont pas inquiétés.

Pourquoi seuls les Hellénistes ?

La réponse est claire, ils ont eu une parole contre le Temple jugée inadmissible par les prêtres. On est en droit de se demander si ces juifs de langue grecque ne sont pas devenus "chrétiens" précisément suite à une parole de Jésus à l'encontre du Temple ? Ces gens en recherche auraient cru trouver en Jésus le leader qu'ils cherchaient sur ce point.

*Pour les Hellénistes, le Temple de Jérusalem est impur par nature car fait de mains d'hommes; c'est donc une idole, au même titre que le veau d'or du temps de Moïse. Ces Hellénistes se sentent juifs à part entière, ne nous y trompons pas, mais les Sadducéens de Jérusalem ,eux, ne peuvent souffrir un tel blasphème, il fallait donc les exclure. A la mort d'Etienne, ils fuient Jérusalem. Le groupe des Hébreux lui continue de fréquenter le Temple, avec assiduité même. Jacques," le frère du Seigneur" qui est très vite à la tête de ce groupe est un juif pieux et zélé, il fréquente le Temple et sa piété en fait une sorte de héros populaire. Nous ignorons par contre si ces Hébreux participent aux sacrifices, mais rien ne le dément.

c-Résumons nous sur ce problème de la séparation d'avec le Temple:

- les Hellénistes furent le premier des groupes "chrétiens" à se séparer du Temple vers 35-37 car ce dernier est considéré comme impur, comme une idole ( ils ont une conception plus spirituelle de la religion, Dieu est partout et non enfermé entre quatre murs.

- il y avait des juifs déjà hostiles au Temple, ce sont les esséniens mais leur hostilité a une autre raison d'être: pour eux, le Temple est souillé par une dynastie impure de Prêtres descendants des Hasmonéens.

- Plus tard, Paul aura une autre position sur le Temple: ce dernier, comme la Loi dans son ensemble ont été légitimés jusqu'à Jésus mais maintenant ils sont dépassés.

- Les seuls , parmi les chrétiens à conserver des liens avec le Temple sont les Hébreux, les 12, des judéo-chrétiens et cela jusqu'en 70 ,date de la chute du Temple.

d-Comment va ensuite évoluer la réflexion sur ce sujet ?

Avec la destruction du Temple en 70, les judéo-chrétiens, un temps à l'abri à Pella chez les païens, reviennent à Jérusalem où l'on trouve à leur tête un autre membre de la famille de Jésus, Simon; comme tous les autres juifs ils souffrent certainement de la disparition de cette institution centrale, mais les sources ne nous en disent rien.

Il faut attendre la fin du siècle, avec l'évangile de Jean qui représente une autre tendance chrétienne ,pour voir apparaître une nouvelle conception théologique du Temple. Le Temple est désormais spirituel et correspond au corps glorieux de Jésus; le nouveau Temple c'est le Verbe qui s'est fait chair et qui habite parmi les hommes. C'est l'époque du thème de la Jérusalem céleste descendue du ciel; Dieu et l'Agneau sont le nouveau Temple.

Ainsi donc sur ce point précis de la séparation d'avec le Temple, l'initiative est prise très tôt par des chrétiens ( les Hellénistes) qui en fait ont été expulsés, mais il faut attendre 2 à 3 générations pour que l'ensemble des premiers chrétiens aient le temps de "théologiser" cette rupture.

 

2) Quelle attitude prendre à l'égard de la Loi ?

Le problème de la Loi ne constitue pas une thème central de la prédication de Jésus qui, semble t-il , l'observe . Dans Matthieu 8,4, Jésus ordonne au lépreux qu'il vient de guérir d'aller accomplir le sacrifice demandé par la Loi. Mais, d'une manière générale, ce que l'on fait dire à Jésus sur la Loi dans les évangiles reflète les querelles et interrogations des premières générations de"chrétiens."

a- Chez les tout premiers chrétiens ( diversité des communautés) comment se pose le problème de la Loi ?

* Tous la considèrent comme un fondement, personne ne cherche à s'en séparer, on reste juif avec simplement la particularité de suivre la voie de Jésus; si l'on est juif d'abord, la Loi est ce qui permet d'être distingué des païens, elle est donc essentielle, fondamentale.

* Mais il y a opposition sur deux points:

que faut-il entendre par Loi, et quel sens lui donner?

Les deux groupes, Hébreux et hellénistes ont des regards différents sur ce sujet:

-pour les judéo-chrétiens ( chrétiens d'origine juive de Palestine), il existe une Loi orale à côté de la Loi écrite de Moïse, les deux ont la même validité. Cette Loi orale est constituée des nombreux commentaires menés depuis longtemps par les maîtres, les rabbis. En Matthieu 23, 2-3, Jésus rappelle que tout ce qu'enseignent les pharisiens et les scribes fait partie de la Loi de Dieu.

- les Hellénistes eux lisent la Loi dans sa version grecque, la Septante ,

*ils l'interprètent selon une certaine hiérarchisation des commandements ( le ler commandement est le rappel de l'unicité de Dieu, le second ,aussi connu, rappelle à chacun: "tu aimeras ton prochain comme toi-même" ; cf Marc 12, 28-30.

* ils considèrent que certaines exigences sont devenues caduques ( les lois cérémonielles),

incorporent dans la Loi des lieux communs de la morale philosophique du monde païen ( Col.3) : "Epouses soyez soumises à vos maris, enfants obéissez à vos parents, esclaves obéissez à vos maîtres". La lecture des Hellénistes est de tendance humaniste, c'est une lecture "éclairée".

b- Dans les années 40, le problème du maintien de la Loi va se poser à propos des chrétiens d'origine païenne.

Les premiers chrétiens s'interrogent d'abord sur l'opportunité de convertir des païens; certes cela se faisait déjà, des païens devenaient juifs, mais ces prosélytes, ces "craignants Dieu" comme on les appelait, le demandaient eux mêmes, il y avait peu de démarche juive envers eux.

- Ici, deux attitudes extrêmes apparaissent d'abord:

* certains pensent qu'il ne le faut pas; dans Marc on voit Jésus tourner son action vers les seuls juifs et très exceptionnellement vers les païens Mc 7,24-30); les consignes qu'il donne aux 12 en Math 15,24 sont nettes " n'allez pas vers les païens", "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la Maison d'Israël".

*d'autres judéo-chrétiens pensent au contraire qu'il faut aller aux devant des païens mais ceux-ci doivent au préalable devenir juif, c'est-à-dire obéir à la Loi. Cette position traditionnelle des Judéens, pharisiens chrétiens..estime que la Promesse biblique est maintenant réalisée, que Jésus est le nouveau Moïse, toujours vivant ( Moïse redivivus); ainsi , que face à cet Israël renouvelé, si des païens croient en Jésus, ils doivent s'agréger à cet Israël. On le voit, ces premiers "chrétiens" (21) se sentent avant tout , juifs.

Or que signifie appliquer la Loi ? Cela veut dire très clairement être circoncis, en signe d'alliance, de distinction d'avec les autres peuples, et donc cela implique d'éviter tout contact impur ( manger avec ou chez des païens par exemple).

- Quelle est l'attitude des autres "chrétiens" face à cette question du maintien de la Loi de Moïse ?

La question était capitale : obliger les premiers chrétiens d'origine païenne à appliquer la Loi, c'était les entraîner à judaïser au risque de se couper du monde païen, ne pas les obliger, c'était à coup sûr pour ces hommes, se couper du monde juif dont ils font partie.

Une réponse de compromis sera trouvée lors d'une réunion informelle qui fut plus tard pompeusement baptisée Concile de Jérusalem, Concile des Apôtres. Cette réunion des principaux chefs de communautés chrétiennes ( Jacques, le frère du Seigneur, qui dirige la communauté de Jérusalem, et que toutes les premières communautés hors Palestine reconnaissent comme référence, Pierre, Paul...) a eu lieu à Jérusalem vers 48-49. Deux récits différents nous rapportent l'événement : Ga 2,1-10 par Paul et Actes 15,1-29 par Luc, chacun présente la rencontre à saD façon.

deux décisions semble t-il ont été prises:

*reconnaissance mutuelle des missions de Pierre et de Paul: Pierre a une vocation vers les Juifs ,après son évasion de prison et son départ de Jérusalem en 44, et Paul, qui pense tenir sa mission directement de Dieu lors d'une révélation sur le chemin de Damas, a vocation en direction des incirconcis ( Galates 2,7); une "poignée de main" scelle cette double reconnaissance (Ga.2,9).

*Jacques, le frère du Seigneur(22) tranche, trouve le compromis qui consistait à ne pas créer de difficultés aux convertis d'origine païenne. A ces pagano-chrétiens on n'imposera ni la circoncision ni l'application de la Loi, mais on leur demandera un minimum selon les prescriptions déjà émises par le Livre biblique Lévitique 17,18 pour les non juifs vivant en Israël.

Ce minimum exigé se trouve en Actes 15, 29: " vous abstenir des viandes des sacrifices païens, du sang, des animaux étouffés et de l'immoralité". Les Actes ( Luc donc) parlent d'un décret apostolique envoyé à toutes les communautés "chrétiennes"; or Paul n'en fait jamais mention. Ce décret est peu vraisemblable, soit Luc le rédige lui-même, soit il officialise ici une pratique déjà existante; cette deuxième hypothèse est la plus plausible.

Comment ce compromis,réel ou supposé, va t-il être vécu ? C'est dans cette perspective qu'il faut analyser un évènement connu sous le nom d'incident d'Antioche.( après le "compromis" et non avant comme dans la construction littéraire de Luc). Nous sommes à peu près vers 50.

Antioche, capitale régionale de Syrie dont la Palestine dépend, a une communauté "chrétienne" mixte composée d'helleno-chrétiens, de judéo-chrétiens et de pagano-chrétiens. l'Eglise ( communauté) ici a été créée par la première mission des hellénistes après la lapidation d'Etienne, elle fut ensuite visitée et "inspectée" par Paul, Barnabas et Pierre car elle est d'importance.

A Antioche, la cohabitation de tous ces "chrétiens" d'origines diverses ne pose pas de problème, tous prennent leurs repas en commun, repas qui est au coeur de la nouveauté cultuelle chrétienne.

Pierre lui-même, chrétien d'origine juive,lorsqu'il y vient, mange à la table commune, il ne semble pas craindre l'impureté. Qui est-il alors ?(23)

Pierre est un homme déjà expérimenté qui a vu le ressuscité parmi les premiers, qui a eu des révélations ( Mt 16,17 )Pierre affirme "Tu es le Christ", Jésus lui répond: "c'est mon Père qui est aux cieux qui te l'a révélé"; en Actes 11,15, une vision lui commande d'aller sans crainte chez les païens, chez Corneille. Aussi, à Antioche, Pierre sans souci mange avec tous.

Des judéo-chrétiens envoyés de Jérusalem, des gens de l'entourage de Jacques, venus à Antioche,vont reprocher à cette communauté son laxisme, rappeler les préceptes de la Loi juive , les régles de pureté. Ces traditionalistes sont violemment contre la pratique de la table commune. Pour eux, tout judéo-chrétien est d'abord juif, il doit donc se soumettre complètement à la Loi, ne pas se souiller auprès de ces chrétiens d'origine païenne. Pierre et Barnabas se laissent faire, acceptent de se séparer : à Antioche, les "chrétiens" forment ainsi deux groupes lors de l'institution centrale qu'est le repas, repas commémoratif de la Cène. Pierre agit peut-être de la sorte pour éviter les critiques de la part de ces puristes ( penser de nos jours à l'attitude de certains musulmans qui durcissent parfois un peu leur position afin de ne pas laisser prise aux intégristes!).

Face à cette situation non prévue par le fameux décret apostolique( improbable comme la suite va le suggérer), Paul, le nouvel apôtre, celui qui n' a pas connu Jésus mais directement le Christ,celui qui dès le départ crée des Eglises en terre païenne,va apporter sa réponse originale et pour la première fois, proprement chrétienne. ( Ga, 2,11-14).

Paul se fâche vertement après tous et spécialement après Pierre ( nous sommes loin de la belle image de Pierre, figure du premier pontife catholique). Il n'y a pas à se séparer, se séparer et appliquer la Loi c'est trahir le message de Jésus, car, c'est la foi en Jésus qui sauve et non les oeuvres de la Loi. L'homme n'est justifié ( rendu juste) que par la foi, la Grâce et non par l'observation de la Loi; le culte juif est donc devenu inutile ( la circoncision, les observances..) Ga. 6,15: " car, ce qui importe, ce n'est ni la circoncision, ni l'incirconcision, mais la nouvelle création".

Avec Paul, (24)c'est la fin de la Loi, dans la communauté chrétienne, il n'y a plus ni juif ni grec. Une telle attitude, un net refus du soi-disant compromis apostolique, ne pouvait qu'entraîner une rupture, rupture avec Jacques, c'est-à-dire des judéo-chrétiens de Jérusalem, et rupture aussi avec Pierre à la position trop flottante. Paul est catégorique, il parle de "faux frères", il jette l'anathème sur ces juifs qui veulent être chrétiens et garder la Loi. ( Ga.1,8) lire la note de la TOB.

La Loi dit Paul ,vient de Dieu, elle fut un privilège d'Israël, mais elle était bonne seulement pour une époque, maintenant, il y a toujours certes des règles, mais il s'agit d'une alliance inscrite dans les coeurs ( 2 Corinthiens, 3,2-3).

Cette rupture amorcée par Paul et ses héritiers, va être développée par d'autres communautés; en voici quelques traces et étapes:

*Marc 7,15, déclare caduques les prescriptions rituelles de la Loi :" ce qui souille l'homme n'est pas ce qui entre en lui mais ce qui en sort"

*Colossiens 2,16-18 " texte écrit vers 60. "Dès lors, que nul ne vous condamne pour des questions de nourriture ou de boisson, à propos d'une fête, d'une nouvelle lune ou de sabbats...ne vous laissez pas frustrer de la victoire par des gens qui se complaisent dans une "dévotion" dans un "culte des anges".

*L'argument des textes néo testamentaires est celui de l'autorité de Jésus: " la Loi vous dit... Moi, Je vous dis.".

*L'épitre de Jacques ( vers 80) parle de Loi sous un angle moral, c'est désormais la Loi de liberté, d'amour, qui a ses exigences comme l'ancienne.

* Avec l'évangile de Jean ( vers 100), le texte montre une séparation chrétiens /Loi déjà accomplie; pour parler de la Loi juive, l'évangile dit " votre Loi". La Loi nouvelle est la parole même de Jésus, parole d'amour fraternel qui découle de l'amour de Dieu.

* Finalement, le christianisme finira par affirmer que dans le Royaume de Dieu, la Loi n'a pas a être abolie car elle est accomplie; la question posée par et pour les pagano- chrétiens ne se pose plus en terme de rupture mais en terme de dépassement, de continuité.

Ga.5,14-15 " car la Loi toute entière trouve son accomplissement en cette unique parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres".

 

3) Comment les chrétiens se séparent-ils des synagogues ?

La synagogue est une institution importante du monde juif bien avant le temps de Jésus, non seulement dans la Diaspora en l'absence de Temple, mais aussi dans toute la Palestine. On voit dans l'évangile, Jésus lire et commenter la Bible à la synagogue. Ce terme désigne l'assemblée locale des juifs et le lieu lui-même, souvent modeste, qui sert un peu à tout, de lieu de prière, de lecture, de cérémonies, d'école, de lieu d'exercice de la justice juive..

Pour les premiers chrétiens, le mot grec église est synonyme de synagogue, c'est l'assemblée des fidèles ( Epitre de Jacques 2, 2). La première mention du mot église se trouve en Actes 11,26.

Qui se sépare de qui, et comment ?

a- Regardons la situation des chrétiens sur ce sujet vers 60, soit une génération après Jésus.

-Les églises vivent au sein du judaïsme, les chrétiens constituent une petite minorité vivante, avec un chef prestigieux, Jacques, frère du Seigneur, installé à Jérusalem. L'autorité de ce dernier est reconnue par la plupart des églises de la Diaspora , notamment celles créées à l'ombre des synagogues par la mission de Pierre après 44.

- A Rome, il y a des groupes chrétiens liés aux synagogues de quartiers, mais il n'y a pas une communauté chrétienne unie, on ne peut pas alors parler d'une église de Rome ( créer cette unité aurait été un voeu cher à Paul).

Ces "chrétiens" sont donc dans le judaïsme, dans l'institution synagoguale, leur particularité est de reconnaître l'autorité de Jacques à Jérusalem.

- Il y a quelques exceptions à ce schéma, il existe des communautés plus ou moins indépendantes:

* des communautés créées par les Hellénistes sur la côte de Syrie-Palestine, mais qui ne sont plus dynamiques à cette date,

* des communautés fondées par Paul de part et d'autre de la Mer Egée ( actuelles Turquie et Grèce). Paul en arrivant dans une ville prêche son évangile dans les synagogues aux juifs présents et aux sympathisants du judaïsme d'origine païenne. Mais avec ses "excès de langage", il se met à dos les dirigeants de ces synagogues, il en est assez vite exclu. cf : Actes 17, 1-13. 18, 4-17.

Ainsi donc, la première séparation de chrétiens d'avec le système juif de la synagogue est le fait des communautés chrétiennes pauliniennes; cette séparation ne se fait pas par décision chrétienne, par volonté de se démarquer, mais par exclusion. Rappelons qu'une des bases de Paul, c'est Antioche, et que c'est précisément là, à Antioche qu'apparaît le nom de chrétiens .Ces communautés sont rejetées par celles de Jérusalem.

b- Des évènements très importants survenus entre 60 et 70 vont bouleverser ce schéma.

- Côté chrétien, trois grands chefs de communauté disparaissent:

*Jacques est lapidé en 62 par des juifs de Jérusalem, scribes et pharisiens qui profitent d'une vacance du pouvoir romain, entre la mort du préfet Festus et l'arrivée d'Albinius. Cette mort nous est rapportée par deux auteurs antiques :Flavius Josèphe et Eusèbe de Césarée.

A sa place est élu Syméon, un autre membre de la famille de Jésus, puis plus tard, cette communauté sera dirigée par deux peits fils de Jude, frère de Jésus. Ce fut une sorte d'épiscopat collectif exercé par la parenté de Jésus. Mais à partir de Syméon, ce pouvoir à Jérusalem n'eut pas le prestige de celui de Jacques, ce qui permis une certaine autonomie aux autres communautés chrétiennes.

* Pierre qui dirigeait les églises liées directement à Jérusalem meurt à la fin des années 60, certainement à Rome, peut-être lors des massacres de chrétiens ordonnés par Néron en 64 après le grand incendie.

* Paul meurt vers 63- 64, lors d'un procès ? sans avoir réussi à unifier les chrétiens de Rome.

- Côté juif, l'ébranlement de ces années est bien plus considérable encore, et eut également d'importantes conséquences pour la naissance du christianisme.

En 70, Rome écrase la révolte juive , c'est la chute de Jérusalem, la ruine du Temple. Ce Temple qui était la fierté du monde juif, son symbole identitaire n'est plus; avec lui, c'est la fin d'un monde, celui des sacrifices, des Sadducéens, des pèlerinages; il n'y a plus de centre, il n'y aura plus désormais de diversité dans le judaïsme, car, cette défaite juive est aussi celle des Zélotes, la guerre fait disparaître les communautés esséniennes.

Comment va se reconstruire le judaïsme lors de ce cataclysme ?

Un vieux rabbin, Johanan ben Zakkaï, un pharisien, obtint des Romains le droit de s'installer à Jamnia sur la côte, à 40 km de Jérusalem, et d'y fonder une école, d'y créer une assemblée juive pour remplacer le Sanhédrin de Jérusalem emporté dans la tempête. Cette école de Jamnia fut le point de départ du renouveau, de la construction du judaïsme post-Temple. Or, ce qui est fondamental pour notre propos, c'est de souligner que ce judaïsme se restructure autour des seules idées pharisiennes. Le judaïsme d'après 70 s'est terriblement appauvri par rapport au foisonnement de tendances et d'idées de l'époque de Jésus; cette absence de diversité va le radicaliser, va l'entraîner à exclure, à rejeter tout ce qui n'est pas dans le pur ton pharisien d'alors. Le nouveau judaïsme introduit dans la prière récitée à la synagogue une 12e "bénédiction" sur 18 ,qui maudit les hérétiques ( minim) y compris les Nazaréens, entendons par là les chrétiens.

c- C'est dans ce nouveau contexte que va s'opérer la séparation chrétiens/ synagogues, progressivement entre 70 et 100.

- Dès les années 70, des chrétiens commencent à être exclus des synagogues: Jean 9, 22: "des juifs étaient déjà convenus d'exclure de la synagogue quiconque confesserait que Jésus est le Christ". Or la plupart des chrétiens ( sauf ceux issus des communautés pauliniennes) ne souhaitent pas être exclus, ils vont donc passer à l'offensive, essayer de convaincre leurs coréligionnaires juifs des synagogues de les suivre. S'installe une véritable course contre la montre, qui triomphera?

* La réforme pharisienne qui cherche à gagner toute la diaspora et à exclure les autres tendances?

* ou le pouvoir de persuasion des chrétiens ? que disent-ils dans ce contexte nouveau ? Ils tentent de présenter le christianisme comme une forme du judaïsme, la plus achevée, comme étant la solution au judaïsme d'après le Temple.

Voici quelques uns de ces discours côté chrétien:

* dans l'Epitre de Jacques ( texte écrit en grec vers 80, par un inconnu qui se place sous cette autorité)

L'auteur y présente un christianisme acceptable par les juifs des synagogues; on y trouve :

- une sévère critique de la minorité chrétienne issue de Paul, séparée de fait des synagogues, ce n'est pas l'exemple à suivre!,

- une critique des riches ( car Paul doit chercher l'appui des notables faute d'avoir celui de la synagogue),

- une conception juive de Dieu, rien n'est dit sur l'Esprit, il n'y a pas de christologie.

* L'évangile de Matthieu, écrit vers 90-95 est une tentative de la majorité des chrétiens de rallier le monde des synagogues, c'est un livre de compétition avec les pharisiens, ce qui explique la forte critique à leur égard; le but de la manoeuvre est d'attirer les juifs qui ne se reconnaissent pas dans le moule imposé par ces pharisiens. Lire dans cette perspective le chapitre 23.

Il y a cette fois une christologie, elle est présentée comme le coeur du judaïsme, ainsi donc elle ne doit pas être un obstacle pour se convertir, le christianisme dit -on ici n'est pas en rupture avec la religion juive, mais il faut le concevoir comme sa vérité.

Face à une synagogue bien structurée et encadrée, ces chrétiens proposent une conquête du monde, une vaste communauté d'amour fraternel.

*En 95 encore, lors d'une petite persécution menée par l'empereur Domitien contre des personnes de son entourage, l'on distingue mal les convertis au judaïsme et les chrétiens.

*Vers 100, les liens unissant les églises chrétiennes et les synagogues sont rompus.

* En 107, Ignace d'Antioche subit à Rome le martyre en tant que chrétien : (c'est à lui d'ailleurs que l'on doit la première utilisation du mot. christianisme).

* En 112, sous Trajan, des persécutions visent bien des chrétiens distinctement.

La rupture des liens va renforcer la nécessité d'une structure ecclésiale propre, c'est ce qu'affirme Clément évêque de Rome vers 90-100, seulement à cette époque et pour les raisons que nous venons de rappeler, apparait une communauté chrétienne à Rome, ce que n'avait pas réussi à réaliser Paul 30 à 40 ans plus tôt.

Vers la fin du premier siècle, les communautés chrétiennes sont donc séparées du judaïsme , pour la plupart, car il y a encore diversité ne l'oublions pas, il y a des christianismes.

Ces séparations se sont faites, nous l'avons souligné, par exclusions. Ce ne sont pas les chrétiens qui ont pris l'initiative de la rupture, ce sont des juifs qui ont rejeté les chrétiens. Pour la plupart des premiers chrétiens, leur foi, exprimée de manières diverses, n'était pas incompatible avec le judaïsme, loin de là.

Ces séparations, longues à installer, ont été par la suite tenaces. Depuis quelques temps, une reconsidération du judaïsme et des origines chrétiennes se fait jour. Le pape Jean-Paul II lui-même déclarait le 13 avril 1986: " Nous avons à l'égard de la religion juive des rapports que nous n'avons avec aucune autre religion. Vous êtes nos frères préférés et, dans un certain sens, on pourrait dire nos frères aînés".

Notes

1- Pierre GIBERT, Comment la Bible fut écrite, Bayard Editions / Centurion; 169 p. 1995.

Graham STANTON, Parole d'Evangile ?; Cerf, Novalis, 252 p. 1997.

2- La Bible, Ecrits intertestamentaires, La Pléiade, 1900 p., Gallimard, 1987.

Ecrits apocryphes chrétiens T.1, la Pléiade,1760 p, Gallimard, 1997.

3- Jérusalem, 5 000 ans d'histoire, dans la revue Les dossiers d'archéologie, nov-déc. 1991

Dossier Jérusalem, dans la revue Le Monde de la Bible N° 91 avril 1995.

et le N° 100, N° spécial Terre Sainte, oct. 1996.

4- La Samarie, Le Monde de la Bible N° 80, janvier 1993.

5- Luc 9, 51-56 ; 10, 29-37; Jean 4, 1- 42.

6- La Galilée, Le Monde de la Bible, N° 72, sept. 1991.

7- Les Hasmonéens. Cette dysnastie Hasmonéenne domina la région en gros pendant 100 ans , entre - 140 et - 40. Son nom vient de Hasmon, ancêtre du premier dynaste Simon Maccabée. Les successeurs furent Jean Hyrcan Ier ( 134 - 104), son fils ainé Aristobule ( 104-103), son troisième fils Alexandre Jannée ( 103-76), l'épouse de ce dernier, Alexandra ( 76-61) et son fils Hyrcan II écarté à la fois du pouvoir politique et du sacerdoce en 40. Ces personnages sont à la fois Rois et Grands prêtres.. Malgré ses succès militaires, ce pouvoir hasmoénen fut loin de faire l'unanimité, il fut critiqué, contesté par les Sadducéens.

Le conquérant romain , Pompée en 63 laissa en place le plus faible des fils d'Alexandra, Hyrcan II, et emmena à Rome comme otage, le plus turbulent, Aristobule. La voie était ouverte aux ambitieux , amis des Romains, ce sera Hérode.

8- Hérode le Grand ( 37, -4) est né vers 74, d'un Iduméen, Antipater, et d'une Nabatéenne, Cypros. Son père était déjà un allié des Romains. Lors des désordres et guerres intestines en Palestine, Hérode se fait nommer Roi par le Sénat de Rome en 40. En 37, pour légitimer sa position, il épouse une princesse hasmonéenne, Mariamne, renvoyant pour l'occasion, sa première épouse, Doris dont il avait un fils, Antipater. Hérode est Roi de style héllenistique, il vit à la romaine. Sur lui voir le N° 17 du Monde de la Bible février 1981.

A sa mort en 4 av. J-C., son fils Hérode Antipas ( 4 av.- 39 ap.J.-C.) qu'il eut avec la samaritaine Malthaké, est tétrarque de Galilée et de Pérée. C'est lui qu l'on retrouve à Jérusalem lors de la Passion de Jésus. Celui que l'évangile surnomme le "renard", avait épousé sa nièce, Hérodiade, femme de son frère Philippe, ce que lui reprocha Jean le Baptiste. Il avait pour cela renvoyé sa première femme, la fille d'un roi Nabatéen ( la capitale des Nabatéens est Pétra).Ami des Romains au départ, il finira par être accusé de trahison, de collusion avec les ennemis Parthes et, pour cela, Hérode Antipas sera exilé en Gaule , à St Bertrand de Comminges.

9- M. SIMON, A. BENOIT, Le Judaïsme et le Christianisme antique, PUF, collection : Nouvelle Clio, 356 p. 1991.

10- Le Monde de la Bible N° 84, oct. 1993, sur l'Assyrie; on y trouvera entre autres une mise au point concernant les Prophètes et l'exil.

Jean BOTTERO, Naissance de Dieu, la Bible et l'historien, Gallimard, 254 p.1986.

11- La Septante est la première version grecque de la Bible, faite à Alexandrie où vivait une très importante communauté juive. Elle doit son nom au nombre légendaire de savants juifs y ayant travaillé ( 72 = 6 savants issus des 12 tribus d'Israël).

12 - M. SIMON, A. BENOIT, op.cit., cf Luc: 20, 27.

13- M. SIMON, A. BENOIT.op. cit.

14- Sur les Esseniens et Qumran, voir le livre du cinquantenaire sous la direction de E.-M. LAPERROUSAZ, Qoumrân et les manuscrits de la Mer Morte, Cerf, 458 p., 1997.

Le Monde de la Bible, N° 86 et N° 107 de décembre 1997.

15- en français, l'essentiel de la littérature essénienne se trouve dans la Pléiade, la Bible, Ecrits intertestamentaires, 1987.

16- Jean Baptiste, Le Monde de la Bible N° 89, déc. 1994.

17- Les Mandéens ou Sabéens sont quelques milliers de personnes au sud de l'Iran et de l'Irak C'est un groupe gnostique, c'est-à-dire qui se croit dépositaire d'une connaissance révélée qui sauve, ils pratiquent un rite d'eau qui rappelle Jean, mais nous connaissons fort mal leur origine. C'est un groupe très marginal.

18-René NOUAILHAT, Les premiers christianismes, Editions Errance, 134 p.,1988.

Etienne TROCME, L'enfance du christianisme, Noésis, 216 p.1997.

19- Claude TASSIN, Le Judaïsme, de l'exil au temps de Jésus, cahiers Evangile N° 55.

20- Pierre GRELOT, L'espérance juive à l'heure de Jésus, Collection Jésus et Jésus-Christ, N° 62, Desclée, 360 p.1994.

François VOUGA, Les premiers pas du christianisme, Labor et Fides, 263 p.,1997.

21- " C'est à Antioche que, pour la première fois, le nom de "chrétiens" fut donné aux disciples" lit-on dans Les Actes des apôtres en 11, 26. Cette appellation vient de milieux non-chrétiens, elle était semble t-il alors péjorative; les chrétiens eux se désignaient par le terme de frères, ils parlaient de la Voie pour désigner leur tendance au sein du judaïsme.

22- Pierre-Antoine BERNHEIM, Jacques, frère de Jésus, 1996.

23-Oscar CULLMANN, Saint Pierre, Bibliothèque théologique, 1952.

24-Les voyages de Saint Paul, Le Monde de la Bible , N° 81, avril 1993.

 

 

Accueil ] Remonter ]

 

Remonter
JESUS LE JUIF
LES ORIGINES
JACQUES,
L'Apôtre Pierre
Saint Paul
Saint Paul2
Le DIEU1
LE DIEU 2
Bible et Coran

 

Envoyez un courrier électronique à cultureetreligions@free.frpour toute question ou remarque concernant ce site Web.
Copyright © 1998 Groupe Culture Et Religions - Poitiers
Dernière modification : 03 janvier 2008