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LE DIEU 2


 

 

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LE DIEU DES PREMIERS CHRETIENS  

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Deuxième  Partie:

 QUESTION D'IDENTITÉ

 

 

Dans la première partie de cette étude, après avoir souligné l'héritage juif légitime de la conception monothéiste, nous avons constaté que le Nouveau Testament est loin d'être un traité sur Dieu. Ces textes certes parlent du Dieu de Jésus et de Jésus lui-même, mais en termes très divers. Cette diversité est le reflet de la multiplicité des réceptions de l'événement Jésus par les communautés. Dans l'Evangile, les rédacteurs nous relatent un Jésus qui pose  lui-même la question :" Et pour vous, qui suis-je ?". Il ressort de ces textes que Jésus est majoritairement perçu comme Roi du Royaume de Dieu à venir. En terme de culture hébraïque, c'est la figure du Messie, celui qui est oint; Les premiers chrétiens s'exprimant plutôt en grec vont utiliser le mot Christ qui traduit Messie, alors que la même réalité exprimée directement en culture grecque pour dire le Roi, va donner le mot Seigneur. Les expressions du Nouveau Testament, le Seigneur Jésus, ou le Christ Jésus, formule qui s'inverse vite pour donner Jésus-Christ, caractérisent Jésus pour les premières générations chrétiennes. Ces expressions ne sont pas alors des titres divins, Jésus dans les textes du Nouveau Testament est rarement Dieu.

 

Pour avoir des réponses plus précises sur la question de l'identité de Jésus, il faut aller plus loin dans le temps, jusqu'au Ve siècle. Ce sont les grands conciles qui , non sans mal, apporteront des réponses toujours en vigueur: le Dieu des chrétiens est un Dieu trinitaire. Entre le Jésus, Christ ou Seigneur des Ecritures et la conception trinitaire de Dieu, se situent les écrits des Pères de l'Eglise. Pour les catholiques, la révélation est progressive, elle englobe tous ces écrits, Nouveau Testament, Pères de l'Eglise et textes du Magistère de l'Eglise. Les Pères, de langue grecque ou latine, apporteront des éléments de réponse à la question de l'identité de Dieu, leurs formules sont parfois savoureuses; C'est ainsi qu' Irénée de Lyon, imagine que le Christ et l'Esprit sont "les deux mains de Dieu" dont il use pour créer.

Ainsi, plusieurs siècles seront nécessaires pour qu'une réflexion puisse aboutir. Ces réponses de l'Eglise sont t-elles des nouveautés dangereuses et hasardeuses par rapport à une simplicité évangélique ? Non, aucunement! La réflexion a toujours été présente chez les chrétiens, il n'est que de se souvenir des péripéties de Paul. Cette réflexion est légitimée par le texte biblique lui-même. Dans la deuxième lettre de Pierre ( 2PIII,16), l'auteur affirme, à propos des écrits de Paul :" Il y a des choses difficiles à comprendre dont les personnes ignorantes et sans fermeté tordent le sens, comme d'ailleurs les autres Ecritures". Le sens des Ecritures n'est pas donné, il faut le chercher, d'où le légitime effort de réflexion des chrétiens des premiers siècles pour essayer de dire qui est leur Dieu.

 

C'est à partir de leur foi en Jésus ressuscité, qu'ils s'interrogent. Saint Augustin le dit admirablement :" J'ai désiré voir par l'intelligence ce que je croyais", ou, s'adressant à Dieu:  " Donne moi la force de te chercher, toi qui m'as fait te trouver".

Comment les chrétiens de l'antiquité s'y sont-ils pris pour mieux appréhender leur Dieu, et pour mieux le faire savoir dans un environnement où la concurrence et la contestation  païennes étaient fortes?

 

I-              LE CADRE DE LA REFLEXION SUR LE DIEU CHRETIEN

 

1-    le cadre géopolitique : l'Empire Romain.

Le christianisme des premiers siècles se propage essentiellement dans le cadre spatial de cet empire centré sur la Méditerranée. Pour exister, une religion doit être licite, reconnue. Le judaïsme l'est, pas le christianisme, d'où les persécutions. Celles-ci, qu'elles soient locales  comme celle de Lyon en 177, ou globales,  touchèrent les chrétiens , de Néron - 50-, à Dioclétien en 302.

Au IVe siècle, tout change, l'empire devient chrétien, l'Eglise est désormais officielle et le christianisme devient une religion de masse. Cela s'opère en deux étapes principales : sous Constantin au début du siècle, le christianisme est favorisé, les persécutions cessent, les premières basiliques sont édifiées, et,  enfin sous Théodose vers 380, les cultes païens sont interdits dans tout l'empire au profit du christianisme devenu la religion officielle sous sa forme catholique. Une seule voie chrétienne est autorisée, celle reconnue par l'empereur, tout autre voie jugée hérétique est condamnée, punie par l'Empereur, représentant de Dieu sur terre.[1]

A partir du IVe siècle donc, le pouvoir politique prend position dans les querelles religieuses qui accompagnent la réflexion théologique. La situation du christianisme est ambiguë, il est reconnu, oublie le temps des persécutions, mais en contrepartie, doit obéir, les évêques doivent suivre la tendance officielle de l'empereur: C'est une situation de césaropapisme. Constantin lui-même se désigne comme "l'évêque du dehors", Eusèbe de Césarée son biographe en fait l'"image de Dieu sur terre".

L'empereur romain convoque les conciles afin de clarifier tel ou tel point de doctrine, en l'occurrence à cette époque, l'identité de Dieu, du Christ. La plupart du temps, il fait pression sur les groupes religieux, favorise une tendance, exclue et exile des évêques[2].la plupart des conciles ont lieu dans la partie orientale de l'empire romain, celle en fait où vit l'empereur[3]. Une rivalité s'installe entre le pape et l'empereur, le plus souvent, le pape n'est pas personnellement présent aux grands conciles d'orient, mais indirectement par des légats. Deux papes dans la période qui nous intéresse, se montreront dignes et efficaces dans la réflexion sur Dieu, Damase au IV et Léon le Grand au Ve siècles.

 

2-    Quel est le cadre intellectuel de cette réflexion ?

a-     la source, ce sont les textes bibliques. Le canon chrétien des Ecritures se fixe progressivement à partir de la fin du IIe siècle, aux IV et Ve siècles, époques des grands conciles, il est bien constitué[4].Les Ecritures chrétiennes, Ancien et Nouveau Testament, sont en grec. Les discussions à propos du Christ et de Dieu prennent source sur ces écrits qui ne constituent pas un tout cohérent sur ce sujet comme nous l'avons vu dans notre première partie. C'est ce qui explique la durée de plusieurs siècles d'élaboration d'une doctrine chrétienne sur Dieu, chaque courant pouvait justifier son point de vue par telle ou telle phrase particulière de la Bible.

b-    Le problème des langues. Si la Bible est en grec, avec tout ce que cela implique de notions liées à cette langue, la partie occidentale de l'empire parle le latin.[5]C'est le milieu culturel grec qui l'emporte dans l'empire romain et donc par voie de conséquence, dans l'Eglise, lors des conciles. Cela tient  au moins à deux raisons, la proximité du pouvoir impérial et surtout à la présence d'une philosophie grecque qui offre ses notions, concepts intellectuels qui permettront aux chrétiens de mieux penser Dieu. La grande question du moment est l'interrogation suivante : peut-on utiliser des notions païennes, ou doit-on obligatoirement ne prendre en considération que les notions bibliques, pour nourrir la réflexion chrétienne? Ce qui compte finalement, ce n'est pas l'attachement aux mots précis, mais d'arriver au mieux à exprimer des idées, si le grec est plus efficace, alors, il est légitime d'utiliser ses notions, même si elles le sont également par la philosophie païenne. Nous imaginons mal de nos jours ce que ces problèmes de langues ont pu créer comme tensions, voire incompréhension entre les deux parties culturelles de l'empire romain.[6]

c-     Ce que l'on vient d'exposer explique la prédominance des penseurs et écrivains de langue grecque dans ce christianisme antique. Ces écrivains chrétiens sont désignés par le terme générique de Pères de l'Eglise. Entre le IIe et le Ve siècles,  que ce soit en langues grecque, latine, copte, syriaque ou arménienne, ils produisent une énorme et fort riche littérature pour clarifier le contenu de la foi, et pouvoir l'exposer avec des mots justes, ce travail difficile relève de l'accouchement, d'où leur nom de Pères- il n'y a pas de Mères-. C'est une époque d'intense brouillement intellectuel et spirituel dans l'Eglise, les Pères avancent des idées, des formulations, s'opposent entre eux parfois assez durement. La plupart d'entre eux sont évêques, certains sont prêtres comme Arius, mais tous sont intellectuels, frottés à la philosophie antique. Par leurs écrits, leurs réflexions, ils créent une théologie chrétienne, cette dernière s'exprime alors par des formules: déclaration de foi, symboles de foi, credo en latin. Ces formules liées au baptême le plus souvent, sont très nombreuses et diverses jusqu'au IV e siècle.[7] Le symbole de Nicée de 325, complété par le texte de Constantinople de 381, deviendra le symbole quasi universel de l'Eglise. Ainsi, progressivement, aux textes du Nouveau Testament, les chrétiens ajoutent des écrits théologiques à leur disposition pour essayer de définir leur conception de Dieu.

d-    Les étapes et la démarche

*  Au IIe siècle, la question qui préoccupe concerne la divinité du Christ. Ce Christ Jésus est-il divin ou n'est-il qu'un homme ? Le contexte de cette interrogation majeure est essentiel pour comprendre les étapes: il ne faut pas s'éloigner du monothéisme hérité des Juifs, il faut penser Dieu dans des catégories envisageables par les Grecs, sensibles aux notions de raison, de sagesse..

-       Aux IIIe et IV e siècles, la deuxième étape voit se déplacer le questionnement sur Dieu. Si le Christ est bien Dieu, comment rester dans le monothéisme, quel est ce Dieu Un et pluriel, qui est donc est Dieu ? Ce sont les premiers débats sur la notion de trinité.

-       A la fin de la période antique, le débat rebondit sur Jésus, comment peut-on concilier en lui l'humain et le divin ?

-       *  L'élaboration d'une conception chrétienne de Dieu se fait au rythme des grands conciles œcuméniques. Un Concile est  une assemblée d'évêques, locale, régionale ou "mondiale", pour débattre de questions de doctrines ou de discipline. Les premiers grands conciles qui étaient censés réunir tous les évêques de l'empire romain sont appelés œcuméniques- Nicée 325, Constantinople 1 381, Ephèse 431, Chalcédoine 451….

 

*  Toutes ces interrogations peuvent sembler n'être que pures spéculations intellectuelles par rapport à une certaine simplicité et fraîcheur évangéliques . Or, les chrétiens de l'antiquité sont des gens très pratiques et concrets, s'ils se posent de telles questions, c'est par nécessité. Cette dernière tient aux besoins précis de la liturgie, mais aussi et surtout à la concurrence acharnée du judaïsme et du paganisme. Face à ces religions bien instituées, le christianisme doit être à la hauteur pour argumenter, le christianisme ne sera séduisant que s'il présente une certaine cohérence doctrinale. Les pères de l'Eglises et les évêques lors des conciles n'avaient pas le goût de "couper les cheveux en quatre", mais devaient répondre à des questions concrètes Certes, ils le font en utilisant les notions de la philosophie grecque de l'époque, ce qui peut sembler complexe et "byzantin" aux lecteurs chrétiens actuels non avertis..

 

 

II-            QUI EST LE CHRIST ?

 

C'est une question qui se pose depuis le début, notamment depuis l'expérience de Pâques. "Dieu la relevé des morts" lit-on chez Paul - Romains X,9-, par ce geste divin, Dieu confirme les gestes et les paroles de Jésus, de ce Jésus crucifié, que l'on croyait condamné à jamais à l'échec. Si Dieu, a contrario du jugement des hommes, relève Jésus, alors se pose d'une manière criante et urgente la question de son identité. Dans l'évangile, Jésus ne répond pas à cette question, l'important était alors l'action, l'urgence du royaume de Dieu qui vient, non pas le titre qu'il doit se donner. Deux expressions seulement sont mises dans sa bouche, il est le doigt de Dieu par qui le royaume arrive, et il est plus qu'un prophète. C'est peu et c'est beaucoup, à partir de là, des générations de chrétiens tentèrent d'apporter une réponse à cette question de l'identité de Jésus.

 

1-    Est-il Homme ou Dieu ?

a-     Pour certains chrétiens, notamment des judéo-chrétiens, la  seule réponse possible pour leur culture juive est de considérer Jésus comme un Christ - Messie- purement humain.[8] Un mouvement de pensée caractéristique est l'adoptionisme: Dieu adopte l'homme Jésus comme Fils, seulement lors de son baptême. Cette doctrine, qui sera jugée hérétique, s'appuie sur un verset de Luc II,22:" Tu es mon Fils, moi aujourd'hui, je t'ai engendré".[9]

Dans cette conception, Dieu confère son esprit à un homme, pour une mission précise, c'est en l'occurrence, le baptême reçu de Jean qui confère à Jésus sa filiation, il devient Fils de Dieu au sens métaphorique. C'est la négation de l'incarnation. L'adoptionisme est une christologie basse, pauvre.[10] Cette position durera un bon siècle, mais dès le départ, elle est combattue par d'autres courants chrétiens qui s'appuient sur les évangiles de l'enfance de Luc et de Matthieu pour affirmer la conception virginale de Jésus. C'est une façon d'affirmer que Jésus est Fils de Dieu dès le départ, à la conception, qu'il est Dieu par incarnation.[11]

b- Une autre conception du Christ s'impose progressivement au IIe siècle : le Christ est Dieu, Dieu s'est incarné, le mouvement part du haut, c'est donc une christologie haute. Cette interprétation prend appui sur le prologue de l'évangile de Jean: " Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu.

Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie"[12]

Le Verbe - mot qui traduit la notion grecque de Logos- est identifié à la parole de Dieu - Dabar en hébreu. Cela permet de transférer dans la culture grecque tout le contenu d'une notion biblique forte: la parole créatrice de Dieu. Cette dernière est omniprésente dans la Bible, Dieu dit .. et la chose se créé. Nous sommes là en présence d'une des relectures chrétiennes majeures de l'Ancien Testament. La voix de Dieu c'était déjà le Christ qui parlait aux hommes.[13] Les Ecritures parlent du Christ sous forme de Verbe de Dieu. Toutes les théophanies[14]de l'Ancien testament sont déjà des manifestations du Christ, elles trouvent logiquement leur sommet final dans l'incarnation. L'incarnation ainsi conçue n'est pas un acte isolé mais l'aboutissement de toute une préparation, l'avènement du Christ Jésus est préparé depuis l'origine, cela se lit dans la Bible. Telle est la compréhension des Pères de l'Eglise à partir du III e siècle surtout.

Cette conception d'un Christ divin a parfois été poussée trop loin, c'est le cas du docétisme.[15]Selon cette doctrine hérétique, le Christ est divin et son corps n'est qu'apparence, on oublie l'homme Jésus. Cela vient peut-être d'une influence païenne , monde où l'on voit des dieux venir visiter les hommes en prenant une apparence d'homme. Le docétisme nie l'incarnation, la mort de Jésus et donc sa résurrection. Ces idées survivront dans certains évangiles apocryphes et surtout seront reprises dans le Coran où Jésus -Isa en arabe- ne meurt pas en croix. Une telle conception d'un Christ purement divin est d'une certaine manière plus facile à adopter par la raison humaine, une conception d'un Christ Dieu qui sait tout, peut tout                                                           .     La grande difficulté pour les chrétiens d'alors, comme de nos jours d'ailleurs, est de concevoir le Christ à la fois homme et Dieu.

 

2-    Difficultés à penser ensemble les deux .

a-    Comment les premiers chrétiens se posaient-ils le problème?.

-       à partir du martyr[16]. Le martyr n'a de sens que si le Christ a souffert réellement, s'il a été pleinement homme.

-       A partir de la question du salut. La question de l'identité du Christ, question d'allure intellectuelle, se pose à propos d'une question concrète : le salut, comment l'homme est-il sauvé ?

·       Tous les chrétiens sont d'accord pour affirmer que le Christ est sauveur

·       Mais, ils se divisent sur le comment, qu'est ce qui dans l'homme est sauvé ? le corps, l'âme seule[17] ou les deux ? cela renvoie à la question anthropologique : qu'est ce que l'homme ?

·       Le Christ par sa mort sauve ce qu'il assume, or il a été ressuscité dans sa chair.[18] La chair du Christ a été déifiée, c'est son corps glorieux , cette chair du Christ devient déifique, le Christ entraîne les hommes dans son sillage, il est le nouvel Adam. Pensez à la célèbre affirmation d'Irénée de Lyon : "Dieu se fait homme pour que l'homme puisse devenir Dieu."[19] L'homme a en lui du divin potentiel, le faire advenir constitue l'achèvement de la création, la glorification de l'humanité.

Le sauveur doit donc être divin et humain à la fois, sinon seule une partie de l'homme  serait sauvée

b-    Comment conçoivent-ils un Christ à la fois homme et Dieu, y a t-il une dominante ? La question a été fortement débattue, voici trois exemples de réponses considérées par l'Eglise comme déviantes:

-       Apollinaire de Laodicée en Syrie, au IV e siècle dressa un portrait de Jésus qui fut discuté et finalement rejeté. Sa position, l'apollinarisme, consiste à affirmer que l'humanité du Christ n'est pas intégrale, il lui manque une âme humaine, une conscience, un psychisme humains, il n'est pas tout à fait un homme comme les autres. Sa volonté, sa conscience sont divines, c'est pour cela qu'il est sans péché.[20] Les deux parties, divine et humaine du Christ ne peuvent être complètes, pour constituer un tout, elles doivent s'emboîter, et nécessairement, l'une d'elles doit présenter un manque; ce dernier est du côté humain affirme Apollinaire. "Le Verbe s'est fait chair" ( sens grec) Jean I,1. Le Christ est donc l'union du Verbe - son psychisme) et d'un corps ( seulement physique).. L'humanité et la divinité de Jésus sont perçues comme concurrentes, sur le même plan, ce qui nécessite que l'un l'emporte sur l'autre.

-       Les monophysites[21] conçoivent le Christ comme un être d'une seule nature, divine, il est le Verbe et seulement le verbe. Derrière le visage de Jésus il faut voir Dieu. N'y a t-il pas encore chez certains de nos contemporains des restes d'une telle conception ?

-       Arius , un prêtre d'Alexandrie au IVe siècle évoque l'humanité de Jésus en relisant dans l'évangile toutes ses faiblesses : Jésus est fatigué, assoiffé, il pleure, il ignore le jour du jugement, seul Dieu le connaît. Ainsi, à l'inverse d'Apollinaire de Laodicée, pour Arius, Jésus n'est pas pleinement Dieu, il est trop humain pour cela.[22]

c-La question rebondit avec un archevêque de Constantinople au Ve siècle, Nestorius. Ce dernier constate avec effroi que les chrétiens ont pris l'habitude dans leur prière en s'adressant à la Vierge marie de l'appeler "Mère de Dieu" ( Théotokos). Ce titre de Mère de Dieu était plus fait pour affirmer la divinité du Christ que pour parler de Marie, il s'agissait d'affirmer que Dieu s'est humanisé en Jésus - une christologie haute. Pour Nestorius, il y a blasphème. Comme cela vient d'un personnage important, le patriarche de Constantinople, la capitale; Tout le monde s'en mêle, le pape Célestin et l'empereur Théodose II.  Nestorius souhaite avant tout préserver la transcendance de Dieu, aussi distingue t-il deux natures, divine et humaine certes, mais cela l'entraîne surtout à distinguer deux personnes dans le Christ. Ce qui n'est ni simple ni clair. Telle parole de l'évangile est donc attribuée à l'une ou à l'autre de ces personnes. Où est l'unité du Christ? C'est plus une idée qu'une réalité concrète.

Le concile d'Ephèse de 431 condamne Nestorius, Marie est confirmée comme Mère de Dieu. Les disciples de Nestorius refusent de se plier au concile, se séparent pour constituer jusqu'à nos jours des Eglises séparées.[23]

 

3-    La réponse officielle de l'Eglise : le Concile de Chalcédoine de 451.

a-     Chalcédoine est une ville proche de la capitale Constantinople, un concile y est convoqué par le nouvel empereur Marcien en 451 (Théodose est mort en 450) qui souhaite la paix et l'harmonie dans son empire. Le pape Léon le Grand estime que son ouvrage " Tome à Flavien" règle les problèmes, et que par conséquent, un concile n'a pas son utilité, il ne viendra pas en personne, ses légats le représenteront.

b-    350 évêques, surtout orientaux, se réunissent pour constituer ce quatrième concile œcuménique. Ce concile fut tout sauf serein, en effet, il connut de nombreuses péripéties très houleuses au cours desquelles l'empereur en personne intervient, impose ses points de vue, exclue ou réintègre tel ou tel évêque selon l'évolution des débats.

c-  Une définition de foi fut mise au point, et non pas un symbole comme le souhaitait l'empereur. Dans ce texte ci-dessous, nous avons surligné en gras les mots ou expressions clés.

 "Suivant dons les saints pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons

un seul et même fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme composé d'une âme raisonnable et d'un corps,

consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l'humanité, en tout semblable à nous sauf le péché,

avant les siècles d'une part engendré du Père selon la divinité, aux derniers jours d'autre part

, le même, à cause de nous et pour notre salut, engendré de la vierge Marie mère de Dieu selon l'humanité,

un seul et même Christ, Fils, seigneur, Unique engendré, reconnu comme étant en deux natures sans confusion, sans mutation, sans division, sans séparation,

la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de chacune des natures étant bien plutôt sauvegardée et concourant à la formation d'une seule personne et d'une seule hypostase,

un seul et même Christ ne se fractionnant ni ne se divisant en deux personnes, mais étant un seul et même Fils, Unique engendré, Dieu, Verbe, notre Seigneur Jésus-Christ, comme depuis longtemps les prophètes l'ont annoncé, comme Jésus-Christ lui même nous l'a enseigné, et comme le symbole des pères nous l'a transmis".

Le concile de Chalcédoine reconnaît deux natures ( divine et humaine) unies en un seul Christ. Le Christ est une seule et unique personne, une seule hypostase ( les deux mots sont alors ici synonymes). Tout en demeurant pleinement homme, il ne cesse d'être Dieu. Ces décisions de Chalcédoine condamnent Nestorius ( 2 personnes, 2 natures) et les monophysites ( une seule nature).

Des monophysites n'acceptèrent pas ces positions et constituèrent désormais des Eglises séparées : coptes, syriens, arméniens. La raison profonde de ces séparations est le plus souvent politique. Chalcédoine est rejeté parce que l'empereur l'impose. C'est plus cet acte d'autorité d'orthodoxie imposée qui est rejeté que les idées elles-mêmes.

 

 

 

III-          QUI DONC EST DIEU ?

 

Si le Christ est Dieu, y a t-il deux Dieux comme le disait une certaine critique juive, sinon, comment concevoir Dieu à la fois Un et pluriel ? Que peuvent être une binité? Une trinité si l'on n'oublie pas l'Esprit Saint ? Telles sont les questions qui hantent les penseurs chrétiens de l'antiquité . Leurs réponses là aussi seront progressives, et la définition d'un Dieu chrétien trinitaire ne se fera pas sans mal.

 

1-    Les premiers débats sur la trinité .

 

a-     Le mot trinité n'apparaît que fin IIe, début IIIe siècles chez quelques pères comme Clément d'Alexandrie et Tertullien. A partir du milieu IIIe siècle, la trinité est entrée dans le vocabulaire courant des débats.

Le mot n'existe pas dans les textes du Nouveau Testament qui n'a donc pas de formules trinitaires, mais seulement des formules triadiques, c'est le cas dans l'évangile selon Matthieu : Mt XXVIII, 19: " Allez baptiser au nom du Père du Fils et du Saint Esprit". Dans ce genre de formule, le Fils et l'Esprit ne sont pas divins, il s'agit moins de définir Dieu que de dire comment il agit. Dieu opère le salut par Jésus-Christ, dans l'Esprit Saint.

b-    Comment rester dans le monothéisme et déclarer le Christ divin ? Pour répondre à cette difficile question, les chrétiens encore une fois ont recours aux outils intellectuels de la philosophie. Au III e siècle par exemple, Origène en Egypte -Palestine, utilise la notion d'hypostase, dans le sens d'une existence concrète. Origène parle ainsi de trois hypostases en Dieu. A la même époque, mais en occident, à Carthage en Afrique du Nord, Tertullien, un païen converti au christianisme ,mène lui aussi une réflexion sur unité et pluralité en Dieu, pour ce faire il utilise la notion de personne. Dieu est constitué de trois personnes. Aux IIe et IIIe siècles, nous n'avons encore que des balbutiements d'expression de la foi trinitaire.[24]

Au IVe siècle, la querelle entre Pères de l'Eglise sur ce thème trinitaire fut rude. Un autre concept de philosophie grecque fut employé, ce qui était en soi une bonne idée, mais son usage divisa profondément les chrétiens. Cette notion est "ousia", substance en français. L'idée est d'affirmer que le Père et le Fils sont de même substance, consubstantiels, qu'entre les deux, le lien est de nature, pas d'obéissance. Le Fils est Dieu au même titre que le Père. Les débats vont faire apparaître de nombreuses nuances et différences, voici quelques exemples de groupes chrétiens opposés dans l'usage du concept de substance.

les homoousiens  ( de homoousios qui signifie consubstantiel); le Fils est de la même substance que le Père, il est Dieu comme le Père : c'est le concile de Nicée de 325.

Les homéousiens ( de homoiousios : substance semblable) Le Père et le Fils ne sont pas de substance identique, mais semblable.

Les homéens ( de homoios) : le Fils est semblable au Père, mais cette ressemblance n'est pas au niveau de la substance, elle n'est pas ontologique       ( pas au niveau de l'être). Cette tendance est arienne.

Parmi ces groupes rivaux, l'arianisme sera la tendance la plus tenace parmi plusieurs conceptions jugées hérétiques par la Grande Eglise. Arius, un prêtre d'Alexandrie début IVe siècle, argumente à partir des versets bibliques pour démontrer que le Fils de Dieu n'est pas Dieu.[25].

 

2-    Le Concile de Nicée de 325 tranche.

 

-       C'est l'empereur Constantin , nouvel adepte du christianisme, qui décide d'organiser ce premier concile œcuménique dans la ville de Nicée en Asie Mineure. Le concile est appelé œcuménique parce qu'il concerne en principe tout l'univers chrétien d'alors, c'est à dire l'empire romain, mais en fait peu d'évêques occidentaux seront présents, l'évêque de Rome par exemple qui ne dispose pas alors d'une grande autorité est absent.

-       Comme ce sera le cas dans pratiquement tous les autres conciles, le premier commence par condamner, par dire ce que la foi n'est pas. Les idées d'Arius sont rejetées.[26]

-       Les pères du concile de Nicée rédigent un symbole de foi, un credo, où la trinité est bien définie:

·       Fils et Père sont de même substance: le Fils est Dieu comme le Père, il n'y a pas de Dieu inférieur.

·       Pas de hiérarchie entre les trois personnes divines.

 

Cette conception trinitaire du Dieu chrétien de Nicée de 325 est à la base de la foi chrétienne.

 

3-    Mais se pose encore le problème de l'Esprit.

 

a-  L'Esprit Saint est un peu le parent pauvre dans la réflexion sur la trinité, il est à peine mentionné à Nicée, on ne s'en préoccupe vraiment qu'à partir du milieu IVe siècle. Les pères alors se posent la question de savoir s'il est Dieu.

Une petite minorité de chrétiens répond par la négative, on les appelle les "pneumotomaques", les adversaires de l'Esprit, en font partie les Macédoniens, à savoir les disciples de Macédonius, évêque de Constantinople.

La question de la divinité de l'Esprit se pose d'une manière simple et concrète en liturgie. En effet, à la messe la formule " Gloire au Père au Fils et Saint Esprit" semble mettre l'Esprit sur le même plan que les deux autres personnes divines .

b- C'est le deuxième concile œcuménique, celui de Constantinople I en 381 qui va régler le problème. Encore une fois, c'est un concile convoqué par l'empereur Théodose, et le pape n'y vient pas. Un symbole de foi est rédigé, il reprend en le complétant celui de 325 à Nicée. On parle désormais du symbole de Nicée-Constantinople, il est en vigueur dans toute l'Eglise catholique depuis l'époque carolingienne. L'unité de Dieu en terme de substance est affirmée, sa pluralité est précisée, en Dieu se trouvent trois personnes ou hypostases, les deux mots étant semblables et pris dans le sens d'être individuel concret. Personne, d'un sens de rôle fonctionnel, prend un sens ontologique, nous progressons vers la notion moderne de personne, l'être dans sa capacité de relation.

c-     Après ce concile, la querelle rebondit sur la question de l'origine de l'Esprit. L'occident méditerranéen affirme que "l'Esprit procède du Père et du Fils"[27], alors que la partie orientale grecque pense que " l'Esprit tire son origine du Père par le Fils". D'une manière générale, l'Esprit est envoyé par le Fils, il y a simultanéité du Fils et de l'Esprit.[28] L'Esprit qui était déjà là lors de la création ( planait au-dessus des eaux dit la Genèse), sera là pour assurer le renouvellement du monde lorsque le Fils remettra la royauté à son père. En attendant, l'Esprit Saint est à l'œuvre dans le monde parmi les hommes.

 

 

La doctrine chrétienne s'élabore progressivement dans cette de période antique, l'ambiance heurtée , voire parfois violente se comprend  par des excès, par des écarts par rapport aux Ecritures. N'oublions pas que ce sont ces idées osées, taxées rapidement d'hérésies et donc condamnées, qui permettent de préciser l'orthodoxie de la pensée chrétienne.

De nombreux siècles après, les catholiques doivent se sentir libres par rapport aux décisions des premiers conciles œcuméniques, il faut qu'ils se gardent de sacraliser ces réponses, le même piège guète des musulmans qui sacralisent la tradition, la Sunna. Ces réponses sont celles d'une époque, l'œuvre est inachevée. Le Dieu chrétien a été défini comme trinitaire c'est-à -dire pluriel et donc relationnel. . Cette définition semble être en accord avec les textes bibliques, c'est l'interprétation la plus plausible. Cela n'empêche pas les générations actuelles de croyants de vouloir reprendre le travail, de rouvrir la réflexion pour redire  Dieu avec des termes contemporains.

Les occasions de revisiter ce qu'on appelle les dogmes sont fournies par le renouveau de l'exégèse. Les questions des siècles antiques se trouvent réactivées par des interrogations exégétiques actuelles comme celle de la conscience messianique de Jésus. Par ailleurs, la définition du Dieu chrétien s'est opérée dans un  environnement où le christianisme devait se distinguer des Juifs et des païens, de nos jours, l'environnement religieux est bien plus large, le Dieu chrétien doit se définir également par rapport à l'islam, au bouddhisme, aux nouvelles religiosités de la nébuleuse du New Age.

 Le Dieu chrétien doit être redit en terme signifiant pour les contemporains tout en gardant la vérité de l'Ecriture, il faut s'attacher à l'esprit du texte biblique plus qu'aux mots, [29]car là aussi le danger du fondamentalisme guète. Il faut comme le dit P. Ricoeur, " restituer en parole vivante la parole primitive". Foi et réflexion doivent aller de pair, la théologie est une foi en quête d'intelligence, foi et raison grandissent ensemble dans l'effort de réflexion, co-nnaître, c'est naître avec .

Les Pères de l'Eglise sont à relire dans cet esprit, il n'y a pas lieu de sacraliser et de fossiliser leurs formules parfois audacieuses, mais de suivre leur exemple, de rouvrir les problématiques, le Dieu chrétien est toujours à  formuler.

 

 

Pour une bonne vue d'ensemble, simple claire et accessible, lire :

Bernard MEUNIER, " La naissance des dogmes chrétiens",  Les éditions de l'atelier, 2000, 160 p.

François BOUSQUET, "La trinité", Les éditions de l'Atelier, 2000, 170 p.

 

 


[1] Les principales hérésies de ces premiers siècles sont : l'adoptianisme, le docétisme, le sabellianisme, l'arianisme, le nestorianisme, le monophysisme..

[2] L'évêque Hilaire de Poitiers est exilé en Asie Mineure par l'empereur Constance , de 356 à 360. Hilaire défendait la position du concile de Nicée, Constance lui, renoue avec les idées hérétiques d'Arius. Les principaux évéchés se créent au 2e siècle sur la trame des cités romaines. Au-dessus de l'évêque, se trouve à partir du Ive siècle, le patriarche. Les grands patriarcats sont alors Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem et Rome. Du point de vue de l'empereur, le pape n'est que l'évêque de Rome

[3] Constantin à partir de 330 fait construire une nouvelle Rome, Constantinople à la place de la petite cité de Byzance, près des rives du détroit du Bosphore.

[4] La liste définitive ne sera donnée que beaucoup plus tard au concile de Trente au XVI e siècle.

[5] La Bible chrétienne sera traduite en latin d'abord au Ve siècle - ce sont les "vieilles latines", puis surtout au Ve siècle par Jérôme, sa traduction sera le texte officielle de l'Eglise d'occident, d'où son nom de Vulgate - la courante.

[6] Le mot hypostase par exemple, qui signifiait substance au départ, en vient au IV e siècle à être synonyme de personne, ceux qui ne prêtent pas attention à ce glissement de sens, vont s'offusquer de l'usage que l'on en fait dans les textes officiels, c'est le cas de Jérôme au Ve siècle.

[7] Ne pas se laisser abuser par les noms, par exemple, le symbole des apôtres ne remonte pas aux apôtres, il date des IIIe et IV e siècles.

[8] C'est la position de Jacques le frère du Seigneur.

 

[9] Ce passage de Luc est la reprise du psaume II, 7.

[10] C'est le sens du mot Ebionites qui désigne un courant semblable.

[11] C'est une relecture chrétienne du texte d'Isaie en grec VII, 14 :" une vierge concevra un enfant".

[12] C'est en partie une relecture d' Isaïe 55, 10 " De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer… ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet da sa mission"

 Cf Sg 18, 14.

[13] Gn 18: Dieu apparaît aux chênes de Mambré, il annonce un enfant à Sara et à Abraham.

    Ex 3 Il est la voix dans le buisson ardent, l'ange de Dieu qui parle

[14] Les apparitions , manifestations de Dieu aux hommes sous forme de nuée, colonne, voix, ange…

[15] Le docétisme, du grec "dokein" qui signifie sembler, paraître, fut considéré comme une hérésie, et à ce titre condamné.

[16] Attention à l'orthographe de martyr.

-       le martyre ( du latin martyrium) désigne la souffrance endurée au nom de la foi

-       un martyr ou une femme martyre ( du grec martur, le témoin) désigne la personne qui souffre pour soutenir la vérité de sa foi.

[17] C'est la position des gnostiques

[18] La chair au sens grec est le corps opposé à l'âme, la chair au sens hébreu est l'homme dans sa globalité perçu sous l'angle de sa fragilité. Les deux conceptions sont diamétralement opposées et cela a été souvent source de malentendus.

[19] Irénée ( 135- 202) dans "Contre les hérésies" III, 19, 1. Ce vieux thème de la déification de l'homme a été progressivement oublié à partir du Concile de Trente  au profit d'une autre notion, le rachat, la rédemption. Voir sur ce sujet Michel FROMAGET, " L'homme tridimensionnel", collection de, n° 106, 1996. Albin Michel

[20]  D'où la difficulté à admettre le baptême de Jésus. Lui qui est sans péché, en quoi a t-il besoin d'un baptême?. Ce thème qui embarrasse l'Eglise est certainement l'un des points les plus sûrs de la vie de Jésus.

[21] De "monos" seul et "physis" nature. Mouvement condamné comme hérétique.

[22] Sur l'arianisme voir le tome 2 de l'histoire du christianisme", Desclée, particulièrement pp 249-288.

[23] L'Eglise nestorienne se localise actuellement en Syrie, Iran, Irak..

 

[24] Personne désigne le rôle joué par un acteur dans le théâtre grec, dans la Septante, la Bible traduite en grec, personne désigne celui qui parle pour Dieu, c'est le cas des prophètes mais bien évidemment aussi du Verbe. Au IIIe siècle, les deux mots personne et hypostase ne sont pas encore synonymes, ce sera le cas  milieu IV e siècle.

[25] En Jean XIV, 28, Jésus déclare " Le Père est plus grand que moi"., en PhII,9, il est dit:" Dieu l'a élevé", un peu comme une récompense, avant il n'avait donc pas ce rang divin., en Pr VIII,22, à propos de la sagesse ( assimilée au Verbe, à Jésus-Christ) :" Dieu m'a créée au commencement, prémisse de ses œuvres". La sagesse ou le Verbe sont des créatures, donc pas Dieu. De tout cela Arius tire l'idée qu'il fut un temps où le Fils n'existait pas ( avant d'avoir été engendré).

[26] Cependant, Constantin à la fin de sa vie défendra les idées d'Arius; plus tard ce sera le cas pour l'empereur Constance, ce qui vaudra à l'évêque Hilaire de Poitiers, lui qui défendait les idées de Nicée, d'être exilé.

[27] Cette formule sera introduite dans le symbole de Nicée au VIIe siècle.

[28] Cette querelle dite du "Filioque" - et du Fils- entre catholiques et orthodoxes s'apaisent de nos jours. Voir sur ce sujet de l'Esprit Jean-Pierre LEMONON, " L'Esprit Saint", éditions de l'Atelier, 1998, 170 p.

[29]  selon une vieille formule latine, les Ecritures sont une norme normante non normée, elles sont à interpréter, la vérité n'est pas une donnée finie cachée, la vérité est toujours advenante.

 

 

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Dernière modification : 03 janvier 2008