HISTOIRE ET SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

CULTURE RELIGIEUSE ET CATÉCHÈSE

Jean JONCHERAY,théologien, vice-recteur de l'institut Catholique de Paris. directeur de l'Institut de Science et de Théologie des Religions.

Plan de l'intervention:

Introduction : Une approche laïque des questions religieuses en particulier dans l'enseignement, est-elle possible ?

I) Religions, cultures et sociétés

1. La culture
2. La religion dans la culture
3. Sécularisation
4. Dans la diversité des aires culturelles

II) L'Evangile et les cultures

1. Vatican II : Un regard positif sur les cultures
2. Des interrogations
3. Le message évangélique s'exprime en langage humain
4. Pas d'identification de l'Evangile avec une culture précise
5. L'inculturation : un double mouvement
6. Mettre en corrélation l'expérience chrétienne fondamentale et notre expérience d' auj ourd'hui.

III) Enseignement religieux, culture religieuse, connaissances religieuses ... et catéchèse.  Clarification de vocabulaire et perception des enjeux.

1. Des enjeux? des attentes diverses
2. Que valent nos distinctions ?

INTRODUCTION :

Il serait plus judicieux de parler de  "La dimension religieuse de la culture" plutôt que de  culture religieuse dans la mesure où cette dimension se retrouve partout.
Le Christianisme doit être appréhendé comme composante de la culture occidentale (cf. programme).
Prise en compte du fait religieux dans l’enseignement, dans le cadre de la laïcité. Le mot laïcité existe dans d’autres langues, dans d’autres pays ; ce n'est donc pas une  originalité française. Il s’applique aux écoles laïques mais aussi au privé : attitude à avoir face aux programmes scolaires ; cf. Loi Debré: l'enseignement  privé est ouvert à tout le monde.

 

UNE APPROCHE LAÏQUE EST-ELLE POSSIBLE ?
Oui dans une société sécularisée,où il y a une  autonomie par rapport à l’englobant religieux, ou bien encore présence du  pluralisme confessionnel comme c'est le cas en France.

Des points de vue différents sont  possibles. Cependant l'harmonie n'est pas acquise. En effet trop de divergences  séparent  la science des religions (domaine des laïc) et la théologie confessante et confessionnelle  (domaine des croyant). ==> Suite de malentendus entre ces deux démarches ( celle des   sociologues et celle des théologiens)

Il est important, cependant, pour les religieux d’accepter et de produire une approche laïque (cf. lettre des évêques de France aux Catholiques).  (Etude scientifique des religions non chrétiennes (ISTR) sciences et théologie des religions de Paris 1967, Marseille 1992, Toulouse 1995) cette double approche peut être refusée par des croyants (foi comprise de l’intérieur, et qu’un croyant peut en parler : "venez et voyez") les non-croyants rejettent cette approche scientifique d’une imposture.  Cette double approche est stimulante pour le croyant : sortir de l’indicible, la foi qui cherche à comprendre.pour les non-croyants, comprendre les choses de l’intérieur (avant considérées  comme exotique, ésotérique). Cela ne pose pas de problème en théorie pour les chrétiens mais l’approche scientifique reste un point de vue : revendication de modestie, ce n’est pas la seule (scientifique différent de scientiste).
Laïcité n’est pas synonyme d’objectivité ou neutralité (car on n’approche pas ): interprétation du réel soumise à l’interprétation pas d’information brute, aseptisée : il faut croiser les points de vue : pour l’historien, on ne peut pas supprimer les témoins, qu’il confronte, croise les versions (pour - contre)  == >approche honnête approche scientifique.

I)Religions, cultures et sociétés

1)La Culture :

C'est un mot qui désigne un domaine  très vaste cf. Peter Berger : La religion dans la culture. Essai..., centurion 1971. Il dit "L’homme naît inachevé" et en ce sens  il est différent des animaux : l’homme doit faire son propre mode

Nature ¹ Culture : l'Homme est un  animal culturel==> travail humain sur la nature, pour l’habiter, l’humaniser. Il doit transformer le monde, se faire, se transformer (soi). [cf. J. Paul II, conférence à l’UNESCO, 1980]

Culture :

processus d’humanisation : nous fait devenir davantage homme
processus de socialisation : rapport au groupe/les autres
Prendre position :

civilisation (1 civilisation) : homme cultivé ¹ homme barbare

Les cultures, langues, coutumes, institutions, valeurs : chaque personne est prise dans un système. Il n’y a plus de sauvage : plusieurs cultures

Mais tous les modes de vie sont-ils tous respectables ?

Les cultures, langues, coutumes, institutions, valeurs organisent le monde, et fonctionnent comme une comme grille, pour le comprendre. Cependant , elles   n’ont pas les mêmes valeurs dans le Monde.Et pourtant leur rôle est grand pour que l’ordre soit convenable, pour que le groupe vive en paix .   ==> processus de socialisation : donner un sens à son existence.

2) La religion dans la culture :

Elle joue un rôle de justification et de légitimation : c’est l’instrument le plus universel de justification : rite (fixe dans la mémoire) mythe (explique) morale

Elle lie, justifie le tout l’ensemble.

La mémoire a été religieuse

3) Sécularisation

Dissociation de ce que la religion unissait : science, politique, morale
Mais certains pensent que la religion n’a plus de rôle. En fait : interaction entre religion et société. Ce rapport évolue aujourd’hui, objet de débat (on était dedans avant).
En France, la religion ne peut être un lien social (un ciment comme le pense Durkheim) puisque plusieurs gens vivent sans. Il y a aussi les institutions pour assumer cette fonction .
Religions lien avec la culture, elle proposent des contributions mais elles ne s’imposent plus (on propose la foi : cf. lettre des évêques) ==> Famille de pensées dans les comités d’étiques.

4) Dans la diversité des aires culturelles

Ce lien est différent d’un pays à l’autre (rapport église catholique par exemple).
Toutes les religions ne voient pas ça de la même façon (par rapport à ce lien).
Culture chrétienne de l’Europe : à nuancer puisque plusieurs différences : méfions-nous des réponses simples et simplistes.
Danger d’identifier Culture et Religion (attention aux minorités).

II) L'Evangile et les cultures

Approche de l’intérieur : prise de position théologique sur cette évolution.

1) Vatican II:  Un regard positif sur les cultures

culture : même définition qu’avant
concile : reconnaît la pluralité

2) Des interrogations

La mémoire ?

L’unité d’une culture ? (synthèse par rapport à l’émiettement des disciplines : refaire le lien de la personne / et de la synthèse.

L’autonomie : culture d'accord mais pas sans aboutir à un humanisme exclusivement terrestre.

3)Le message évangélique s'exprime en langage humain

Le message s’exprime en langage humain (judaïsme et christianisme) dans des types de cultures différentes.
L’évangile a besoin des cultures humaines. La parole est déjà traduite.
Il n’existe pas de langue sacrée : Evangile peut et doit se traduire.
La foi je ne la connais pas, il y a des croyants.

4)Pas d'identification de l'Evangile avec une culture précise

Être en communion avec les autres cultures : d’où enrichissement
Le christianisme n’est pas d’une culture,
Concile fait en sorte de rappeler que le  Christianisme n’est pas simplement équivalent à  Occident
Des cultures, marquées par le christianisme, mais aucune ne peut s’identifier à l’évangile

5)L'inculturation : un double mouvement

Inculturation : mot créé après le concile Vatican II, utilisé par le Père A (Général des Jésuites).
Culture régénérée par l’évangile mais aussi la culture fait découvrir de nouvelles façons de vivre le message (fruits nouveaux)
œuvres d’art (films) exprimés et expriment l’évangile.
fécondation mutuelle : culture(s),et  Évangiles (cf. Jean-Paul II)

 

6) Mettre en corrélation l'expérience chrétienne fondamentale et notre expérience d'aujourd'hui.

Il ne s’agit pas seulement de faire appliquer, mais aussi de faire raisonner l’évangile par rapport au monde d’aujourd’hui. Que cela signifie-t-il ? Pourquoi et quel est l’effet produit : en quoi mon attitude correspondrait à celle de Jésus ? Qu 'est-ce qu’il me demande de dire aujourd’hui ?

III) Enseignement religieux, culture religieuse, connaissances religieuses ... et catéchèse. Clarification de vocabulaire et perception des enjeux.

1) Des enjeux, des attentes diverses.

Enseignement religieux, culture, prise en compte, / catéchèse. Que met-on en jeu ? Les attentes, les commanditaires ?

Connaissance : des choses à savoir, connaître, une doctrine - histoire, un texte (Bible, Coran,...)
Lien social et citoyenneté : dimension sociale de l’éducation (le vivre ensemble...)
La morale : enseignement moral et religieux / éthique donner des points de repères
Culture : pas seulement des connaissances; habiter une tradition, sentir chez soi dans un espace, en être héritier (l’église n’est pas un musée); être acteur dans une culture / créer - continuer le patrimoine de demain.
Quête de sens - Recherche d’identité :
Réponse à un appel : propre à la catéchèse, un appel qu’on transmet. Implication mutuelle.
Quel "Dieu" ? Tant d’interprétations

A quelles conditions peut-on en parler ? On est au seuil du mystère.

Comment aborder Dieu ?

La liste n’est pas close. Il y a d’autres atentes del’approche religieuse.

Ces 7 approches doivent-elles toutes figurer dans une même activité ? Non ! prise en compte de certains paramètres dans l’enseignemetn. d’autres ailleurs (il n’y a pas que l’école). Il faut dresser un cahier des charges.

énumération classée ---> progression : l’implication personnelle et + + vers la fin - on va du neutre ---> subjectif.

==> Frontière entre le laïc et le confessionnel ? différences d’appréciations.

2) Que valent nos distinctions ?

 

Approche laïque

(connaissance du religieux)

Points communs entre les deux démarchesApproche confessionnelle(catéchèse)
- public : tous

- visée : informer, savoir, connaissance

visée : Éducation, citoyenneté (commune aux 2 approches- public : chrétiens à qui on s’adresse

visée :faire raisonner la question « veux tu être mon disciple » susciter la foi /.préparer le chemin.

contenu : introduction

Les religions et pas seulement catholiques

les religions présentés ?

anciennes ?

contenu :

question de quête de sens ou d’identité

contenu : religion de la communauté  ( par exemple le christanisme)

==>initiation

Intervenant :

Enseignant, approche scientifique, universitaire

distance critique, attendue de tout enseignant

Déontologie :

Adulte, responsabilité

Intervention : un croyant

répercuter les choses de l’intérieur, témoignage membre de la communauté.

Cette distinction est claire en théorie mais : plusieurs questions .

Education ? implication de l’éducateur, proposition d’actions l’approche neutre ici n’est pas possible.
problème de religions civiles / oeucuménique ? La laïcité ne doit pas devenir une religion. Le catholicisme ne doit pas devenir religion civile perte dans les deux cas (français = catholique ).
danger : créer un coktail de religions (ça non).

Attitude de l’éducateur commune aux deux démarches.

Culture ? la pratique est-elle toujours nécessaire ? Il y a plusieurs entrées possibles.
Dedans / dehors ? va et vient incessant entre ces deux pôles extrêmes, contradictoires

La frontière n’est pas simple.

 

compte rendu fait par par Abderrazak HALLOUMI , ( professeur de lettres au Lycée Le Porteau, Poitiers, Diplômé en Sciences et Enseignement des Religions)
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Dernière modification : 03 janvier 2008