fiche n° 3

Jérusalem, ville sainte du judaïsme

 

 


Yerouchalayim, Jérusalem en hébreu,  la ville sainte des Juifs, est désignée dans la Bible par de nombreuses expressions fortes comme « Cité de la Vérité » (Za VIII-3), « Cité de la joie » (Is XXII,2), « Cité de la Fidélité » (Is I-26), « Lion de Dieu » (Is XXIX, 1), « Cité de David » (2S V-9), « Cité de Dieu » (Ps LXXXVII,2).. Cette prolifération de noms à elle seule souligne l’importance que le judaïsme attache à ce lieu.

 

1-      Ce lien étroit entre la ville de Jérusalem et la religion juive remonte à 3000 ans avec le choix du roi David d’y installer sa capitale.

L’acte fondateur de la sainteté de Jérusalem pour les Juifs est double. Vers l’an 1000 av.J.-C., le roi David obéissant à Gad, prophète de Dieu, fait dresser un autel au sommet d’une colline qui est l’actuel mont du Temple, mais qui se trouvait alors hors des murs et au nord de la petite ville de Jérusalem. Le deuxième livre de Samuel nous rappelle les circonstances de cet acte fondateur : 2S XXIV-18-25 «  David construisit là un autel à Yahvé et il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion. Alors Yahvé eut pitié du pays et le fléau s’écarta d’Israël. » ( Ce fléau était la peste envoyée par Dieu pour punir David d’avoir osé dénombrer le peuple). Désormais ce lieu du sacrifice devient le lieu de la présence de Dieu ; c’est ce qu’affirme ce passage du livre Deutéronome : Dt XVI 2 : «  Tu immoleras pour Yahvé ton Dieu une pâque de gros et de petit bétail, au lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y faire habiter son Nom » ( l’expression son Nom est une manière de désigner Dieu lui-même).

Ainsi, dès avant la construction du premier temple par son fils Salomon vers 967 av. J.-C., Dieu décide t-il d’habiter Jérusalem et d’accorder sa protection à la terre et au peuple juifs. Jérusalem devient ainsi ville sainte.

Les Juifs de l’antiquité bâtirent consécutivement deux temples pour honorer cette présence de Dieu. Le premier, de loin le plus beau faute d’être le plus grand,  un édifice de plan rectangulaire de 50 m sur 25 m, de style cananéen ambiant, fut construit sous Salomon ( vers 960) et détruit par le roi de Babylone, Nabuchodonosor en 587.

En 515,de retour d’exil, les Juifs sous la direction de leur roi Zorobabel, construisirent un second temple à l’emplacement du premier. Ce second temple, plus modeste, d’inspiration babylonienne,  plusieurs fois profané et purifié pour retrouver sa fonction de culte, fut agrandi par le roi Hérode le Grand selon les modèles gréco-romains de son temps ( Hérode meurt en 4 av.J.-C.). C’est ce Temple flambant neuf que fréquenta Jésus. Cette immense construction fut entièrement détruite par les Romains lors des deux révoltes juives de 70 et de 135 ap. J.-C. .Pendant tout ce millénaire, les Juifs se démarquèrent des autres peuples par leur monothéisme : à un seul Dieu devait correspondre un seul Temple : celui de Jérusalem. Plusieurs fois par an, tous les Juifs venaient, parfois de loin, pour présenter leurs offrandes d’animaux et leurs prières lors des grandes fêtes.

 

Depuis la destruction de leur sanctuaire, les Juifs certes ne pratiquent plus le sacrifice d’animaux, mais considèrent toujours  comme sacré l’emplacement où se trouvait le Temple. Leur possibilité d’accéder à ces lieux a beaucoup varié au cours de l’histoire. De la destruction  totale en 135 à l’arrivée des Arabes en 638, pendant cinq siècles de présence romaine, païenne au début puis chrétienne, les Juifs sont interdits de séjours .Depuis le VIIe siècle, la région de Jérusalem , sous obédience musulmane, est toujours accessible aux Juifs, sauf la période de domination chrétienne lors des croisades (1099-1187).

Après la guerre dite d’indépendance ( 1948-49) qui suit la création de l’Etat d’Israël (mai1948), tous les lieux saints qui se trouvent dans la vieille ville sont en territoire arabe, plus précisément jordanien. C’est la victoire juive de la guerre des Six Jours en 1967 qui donna aux Juifs toute la ville de Jérusalem et de ce fait leur lieu saint : l’emplacement de leur Temple détruit 19 siècles plus tôt par les Romains. Ces journées de 1967 furent pour le monde juif un temps d’immense émotion.

 

2-  Le lieu saint majeur du judaïsme actuel à Jérusalem est le mur occidental que nous appelons Mur des lamentations en souvenir du deuil exprimé  jadis par les pèlerins juifs à la vue de l’emplacement du Temple. Ce mur a été longtemps la seule trace archéologique témoignant des temples juifs antiques. Il s’agit précisément d’une partie du mur ouest de soutènement de l’esplanade sur laquelle était construit le Temple- on ne sait pas très bien où exactement il se situait sur cette esplanade. Ce mur est composé de gros blocs de pierres en bossage plat d’époque hérodienne, surmontés de pierres plus petites qui rappellent les diverses restaurations allant de l’époque byzantine chrétienne à l’époque musulmane mamelouke.

 

Incorporé dans les lieux saints musulmans ( le Haram) et géré par les musulmans jusqu’en 1967, le Mur est maintenant propriété d’Israël et administré par le ministre des cultes ( la loi de 1967 assure le libre accès à l’ensemble des lieux saints).

Depuis 1967, une vaste esplanade a été aménagée au pied du Mur des lamentations à la place d’un quartier populaire musulman, afin d’accueillire la foule des juifs qui y vient prier. En effet, ce lieu est pour le judaïsme hautement symbolique, il est essentiellement le signe de l’éternelle présence de Dieu en ces lieux ( la shekhina) .Que le Temple soit physiquement détruit, cela ne change rien aux yeux du judaïsme, Dieu un jour a décidé d’y résider et cela à jamais. Aussi, jour et nuit, y a t-il une présence de prières et de chants aux deux endroits réservés aux hommes et aux femmes. Prières pour un passé perdu et prière d’espérance envers un Dieu qui a déjà jadis sauvé son peuple ; c’est ce que rappelle le Psaume CXXX 7-8 : «  Compte Israël, Compte sur le Seigneur ».

 

 Les temps forts au Mur Occidental sont l’entrée en sabbat le vendredi soir où de jeunes Juifs dansent pour exprimer leur joie, les lundis et jeudis matins, jours de Bar Mitzva, cérémonie à l’occasion de la majorité religieuse des garçons de 13 ans, équivalente à la communion solennelle des catholiques.

Le balancement régulier du corps des fidèles rythme les prières, des petits bouts de papiers porteurs de vœux sont glissés dans les interstices des pierres ( équivalent du cierge offert par les catholiques). Le soir du 9 AV ( cinquième mois de calendrier religieux juif), jour de jeûne, est ici l’occasion de la commémoration annuelle de la destruction du Temple, le Lieu saint par excellence.

Certains courants juifs, certainement minoritaires, caressent toujours l’espoir de reconstruire un jour le Temple, bien entendu sur l’esplanade dite du Temple par le monde juif, dite des mosquées par le monde musulman.

 

 

3-      Au-delà du Mur occidental, c’est toute la ville de Jérusalem qui est lieu saint.

 

 Les Juifs qui le peuvent viennent mourir ici pour être sûr d’y être enterrerés, car la tradition affirme que c’est ici qu’apparaîtra le Messie ou plus exactement l’ère messianique à la fin des temps, de ces temps. Précisément, c’est dans la vallée du Cédron, proche de l’esplanade du Temple, vallée identifiée avec la vallée de Josaphat de la Bible, que des Juifs , mais aussi  autrefois des chrétiens et des musulmans, continuent d’enterrer leurs morts. Une croyance eschatologique ( lié à la croyance d’une fin des temps) affirme qu’ici l’humanité sera rassemblée pour le jugement dernier. Jérusalem est donc lieu saint non seulement pour les seuls Juifs mais est aussi une ville religieuse à vocation universelle ; c’est toute la problématique d’un peuple qui se considère comme peuple élu par Dieu pour sauver toute l’humanité par son intermédiaire.

 

L’attachement très fort et très nationaliste de certains groupes juifs à des lieux saints très imbriqués avec ceux des musulmans n’est pas sans poser problèmes comme l’a montré en 2000 l’Intifada            ( soulèvement) Al-Aqsa des Palestiniens. A l’inverse, un autre courant juif, le judaïsme libéral de tendance plus séculière, se désintéresse totalement de Jérusalem comme lieu saint afin de mieux s’intégrer dans les nations.

 

Lectures conseillées :

 

-          La revue « Le monde de la Bible : histoire, art, archéologie » n° 113, sept.-oct.1998 contient un dossier spécial sur le Temple de Jérusalem.

-          Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, collection Bouquins, Cerf, 1996.


 

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Dernière modification : 03 janvier 2008